LA QUEUE EN BRIE - ACEP

Association Caudacienne d'Etude des Patrimoines

  

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L'EGLISE SAINT NICOLAS

 

C’est seulement à la fin du XIème siècle ou au début du XIIème siècle, que l’on peut attester la présence, sur le site de La Queue-en-Brie, d’une paroisse dédiée à Saint Nicolas, c’est-à-dire après la translation.

Cependant, il a très bien pu y avoir, avant l’église, un édifice religieux plus modeste : hermitage, chapelle, oratoire… (le domaine de l’Hermitage n’est pas très éloigné) et ceci peut-être depuis une époque assez reculée. En effet, dans un premier temps, on avait pensé que le mortier de la base de l’église, sur une hauteur d’environ un mètre cinquante, était l’indice d’une période ancienne, en fait, il s’agit d’un mortier banal aux époques gallo-romaine et mérovingienne, avec de la brique rouge incorporée, utilisée à l’époque contemporaine. Cette brique, pilée ou entière, avait pour rôle d’absorber l’humidité de la pierre.

Toutefois, sans remonter aussi loin, l’existence d’une église est confirmée, aux environs de 1145, par Eudes III, évêque de Beauvais, qui inscrit dans son état des possessions de Saint Martin des Champs : le monastère et le four de La Queue-en-Brie.

La forme octogonale du clocher de l’église Saint Nicolas, est le signe caractéristique des édifices érigés par les Templiers et les Clunysiens. Cependant, aucun document connu ne confirme leur participation à sa construction ni leur présence sur le site. Cette forme pourrait faire inclure l’édifice dans un ensemble fortifié, ce qui serait plausible compte tenu de ce que nous savons de l’histoire de La Queue-en-Brie.

La petite porte à la base du clocher, représente l’entrée primitive de l’église, peut être caractéristique du pré-roman. L’église actuelle, telle que nous la connaissons est une construction massive de style roman, très remaniée, partiellement saccagée par des réparations rendues hâtives par l’urgence des travaux à exécuter.

L’église paroissiale fut l’objet d’importants travaux au début du XIIIème siècle. Le chœur fut en effet rebâti en totalité. Il s’agit d’un chœur de deux travées, terminé par un chevet plat percé d’un triplet composé de trois baies en lancettes. Le chœur, cantonné de deux chapelles, est voûté d’ogives. L’élévation est à deux niveaux. Les arcades du niveau inférieur sont surmontées d’une maçonnerie pleine. Un oculus éclairait en partie haute le vaisseau central.

Le décimateur bénéficiaire de la Paroisse était soit le prieuré de Saint Martin des Champs à Paris, soit le prieuré de Gournay-sur-Marne. L’église dépendait-elle directement de l’évêque de Paris ? Quoi qu’il en soit, l’architecture du chœur de Saint Nicolas de La Queue- en-Brie relève bien du style de la cathédrale Notre-Dame de Paris, alors en construction, depuis 1166. Les églises rurales de la région parisienne sont nombreuses et l’on constate parmi certaines d’entre elles qui relèvent du diocèse de Paris, un schéma de dispositions communes. Celle-ci se caractérise par une élévation comportant des oculus à l’étage supérieur et par l’emploi de colonnes cylindriques à tambours recevant sur l’abaque de leur large chapiteau le faisceau de colonnettes supérieures.

L’orée du XIIIème siècle est, sous le règne de Philippe-Auguste, une période prospère en Ile-de-France. On voit donc alors le bénéficiaire de l’église de La Queue-en-Brie entreprendre la reconstruction « à la moderne » de la partie de l’église à sa charge : le chœur. Le maître-maçon qui répercute en écho les formules du grand chantier parisien prévoit une église à deux niveaux (en réalité trois puisqu’un triforium aurait normalement pu trouver place dans l’intervalle entre l’arcade et l’oculus).

Ce chœur du premier âge gothique nous est parvenu presque intact. On peut observer cependant une curieuse asymétrie entre les élévations nord et sud. Côté nord, les retombées des arcs adossées au mur gouttereau qui prend appui sur l’abaque des chapiteaux à feuilles d’eau surmontant de fortes colonnes cylindriques. Côté sud, de simples demi-colonnes adossées à une large pile maçonnée montent jusqu’à la retombée des voûtes. Par ailleurs, les arcades sont très différentes entre les deux parties. Côté nord, elles sont largement ouvertes, un mur séparatif entre le chœur et les chapelles latérales étant simplement maintenu. Côté sud, les arcades sont beaucoup plus restreintes.

Les chapelles latérales (chapelle de la Vierge et chapelle du Sacré-Cœur) ont été réalisées en même temps que le chœur. L’épaisseur excessive des maçonneries de la travée du collatéral sud précédant la chapelle de la Vierge constitue en fait l’un des indices de l’existence en cet endroit du clocher primitif aujourd’hui arasé qui a précédé celui de la façade de l’église.

En effet, les vestiges du premier étage de ce clocher subsistent dans le comble sud, les murs est et ouest ayant été arasés en appentis lors des travaux destinés à créer l’actuelle toiture. On peut se demander si, lors du dérasement du clocher primitif, ne se serait pas produit la chute de la voûte primitive. L’actuelle voûte, très maladroitement remontée, comporte des claveaux anciens (claveaux ainsi que clef de la voûte primitive). La présence du clocher à cet endroit explique également l’absence d’oculus sur l’élévation sud de la 1ère travée du chœur. Une baie située plus bas, en plein-cintre, est murée. Le clocher peut-il être antérieur à la construction gothique ?. Cela ne peut être prouvé.

En vis-à-vis, côté nord, un oculus avait bien été établi ainsi (on peu le voir extérieurement au nord). Le XIXème siècle, soucieux de symétriser la décoration, a muré cet oculus jusqu’au nu du mur, le faisant disparaître intérieurement.

Le cœur est maladroitement relié à la nef au niveau du collatéral nord en particulier, un épaississement de la maçonnerie venant racheter un décalage entre arcades de la nef et arcades du chœur. Les deux parties ne sont pas contemporaines. Il semble que la paroisse, qui aurait dû logiquement financer la construction de la nef dans la prolongation du chœur ne se soit jamais lancée dans la réalisation de ce projet ambitieux.

Lors de l’achèvement de la construction du chœur, selon toute vraisemblance, la nef primitive avait été conservée. Il s’agissait sans doute d’une construction très simple composée de trois murs et couverte d’une charpente peu élevée comme semble l’indiquer la reprise de la nef actuelle au-dessus du mur gouttereau entre nef et bas-côté sud.

Extérieurement, le chœur a été contrebuté par des contreforts, sur l’ensemble du chevet. Les voûtes hautes du chœur furent à l’origine contrebutées par des contreforts en appui sur les reins des voûtes des bas-côtés, ce qui était nettement insuffisant pour s’opposer aux poussées des larges voûtes. L’équilibre de l’édifice a donc été dès l’origine perturbé, ce qui explique les interventions qui suivent.

 

Les développements de l’église au cours des XVème et XVIème siècles.

Les mouvements du chœur durent s’aggraver et menacer fortement la stabilité de l’édifice, puisqu’au cours du XVème siècle d’importants travaux furent entrepris, sans aucun doute pour pallier au dévers des murs hauts. Ainsi furent établis les deux forts massifs encadrant l’élévations nord de la 1ère travée du chœur, massifs montant jusqu’à la tête du mur gouttereau (faux arcs boutant). Le contrefort ouest est engagé à l’intérieur de l’édifice, et les glacis au profil caractéristique de ce siècle, pénètrent et se retournent à l’intérieur, indiquant bien qu’à cette époque, la nef était dépourvue de collatéral en cet endroit.

On sait qu’en 1430, au cours de la Guerre de Cent Ans, le village et  le château de La Queue-en-Brie furent l’objet d’un siège. Le lundi 9 octobre 1430, après le recouvrement et  démolition de la ville et de la forteresse, le Comte de Stafford (général du roi Henri VI d’Angleterre) retourna et entra dans Paris avec ses gens d’armes.

L’église fut probablement malmenée. Mais nous ignorons  les dommages et l’ampleur des travaux qui furent réalisés alors. Il semble que la charpente du chœur et celle de la nef aient alors souffert, ainsi que le clocher primitif. Ceci expliquerait le projet de construction d’un nouveau clocher et le remaniement de la nef primitive au début du XVIème siècle. La charpente du chœur, qui peut dater du XVème ou XVIème siècle (assemblages du poinçon à l’entrait inférieur, caractéristiques de cette époque) aurait alors remplacé la charpente primitive.

De très importants travaux furent effectués dans le courant du XVIème siècle. Un nouveau clocher fut établi au sud de l’édifice, attenant à la façade ouest de la nef. Il s’agit d’une construction massive, de plan carré et cantonné aux angles de contreforts sur chacune de ses faces. Un escalier à vis, de soixante et onze marches inscrit dans un massif adossé semi-octogonal, monte jusqu’aux combles du clocher abritant le beffroi. Le clocher se composait à l’origine de trois niveaux qui sont aujourd’hui modifiés. Le rez-de-chaussée, qui probablement servit un temps d’entrée à l’église, est percé de trois portes : la porte ouvrant sur le parvis, une baie face à la précédente communiquant avec l’intérieur de l’église constitué d’une très belle arcade malheureusement aujourd’hui obturée, et enfin une porte, côté sud, desservant la vis. Cette salle basse comporte à chacun de ses angles des culots ornés (de feuillages, de tête d’angelot, et d’un cartouche portant le millésime de 1547). Ils portent l’amorce d’une croisée d’ogives.

A cette époque, l’ensemble du collatéral sud fut couvert de neuf, accompagnant l’arasement du clocher primitif. Le bas côté sud-est à peu près contemporain du clocher, ainsi que nous l’indique la grande arcade communiquant entre ces deux parties. Les deux arcades qui ouvrent sur la nef sont disposées avec une grande régularité entre chœur et clocher. Il est étonnant de constater que les baies qui éclairent ce bas-côté ne sont pas disposées dans l’axe de ces arcades. La nef fut surélevée, et couverte d’une nouvelle charpente, butant côté ouest à un pignon de maçonnerie. On note sur le mur gouttereau de la nef, à un mètre environ au-dessus des arcades, une variation d’épaisseur, qui indique une reprise ancienne à ce niveau. La nef acquit alors le volume qu’on lui connaît aujourd’hui, excepté la partie haute, puisqu’à la place des voûtes actuelles existait la charpente formant fausse carène.

 

Les travaux de la fin du XVIème siècle au XVIIIème siècle.

Il est curieux de constater le nombre important de cloches qui, en un demi-siècle, prendront place dans le clocher paroissial. D’abord celle du 26 mai 1689, dont le parrain sera Messire Augustin de Lameth, Seigneur de Beaurepaire et Baron de La Queue-en-Brie. Ensuite, celles bénies le 11 septembre 1696, qui eurent pour marraine la fille de Messire de Lameth devenue, par son mariage, très haute et très puissante duchesse de Charost.

D’autres baptêmes suivront encore, le 6 septembre 1711 et le jeudi 30 mai 1720 le jour de l’Ascension la plus grosse « Catherine-Louise ». Il y a ce jour là quatre prêtres dans le chœur : de La Bruière, le Curé et deux de ses voisins, Tisser Curé de Pontault et Paravis Curé d’Amboile, mais aussi un invité de marque, Messire Auboin du Parc, prêtre prieur de St Paul de Poitiers Prévost de St Martin de Tours. Dans la nef on remarque Monseigneur Henry-François de Paule d’Ormesson, conseiller du Roi, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, Seigneur d’Ormesson, d’Amboile, Noiseau et autres lieux, sa femme Catherine de La Bourdonnaye et l’honorable homme maître Louis Tessier, bourgeois de Paris. Ces deux derniers personnages seront parrain et marraine, la cloche s’attribuant leurs prénoms. Messire de La Bruière procède à la bénédiction. La fonte de cette cloche coûta 160 livres, somme que François Bault, charron et marguillier de St Nicolas, paya au fondeur le 9 juin 1720. A cette dépense venait s’ajouter 104,10 livres pour supplément de métal fourni par le fondeur. Louis Tessier, le parrain, débourse 150 livres pour aider à payer la refonte de la cloche cassée.

On en profitera pour mettre aux deux cloches des brayers neufs, pièces de cuir  que fabrique le bourrelier d’Amboile et qui servirent à soutenir les battants. Pour la somme de100 Livres on répara également la ferrure des cloches et la serrure de la porte du clocher.

Puis le 4 octobre 1733, dernière bénédiction de cette période, avec pour parrain Messire Henry-François de Paule d’Ormesson. Ainsi, en quarante ans, sept cloches nouvelles auront été fondues et bénies  

A nouveau au XVIIème siècle eurent lieu de nouvelles modifications. Les combles de la nef conservent la trace d’un ancien lattis qui peut remonter à cette date, et qui formait une carène de plâtre. Un pan de bois dissimulait le comble du chœur depuis la nef.

 Le bas-côté nord fut édifié en pendant au bas-côté sud. Fut-il occupé plus tard dans sa partie occidentale par l’école mentionnée au XVIIIème siècle ? En effet, en 1777, celle-ci est aménagée en salle de classe. L’ordonnance épiscopale de 1784 demande que la partie à usage de salle de classes soit affectée à l’église, cela n’aura pas lieu. La Révolution retranchera cette partie du reste de l’édifice. Elle sera vendue en mains privées et fera l’objet durant tout le XIXème siècle de conflits entre la fabrique et les propriétaires.

En 1730, un rajeunissement complet de l’édifice est entrepris, comme cela était fréquent à cette époque, puisque des comptes mentionnent des travaux de peinture, dallage etc, au niveau du chœur. La pose d’un plafond de plâtre dans la nef, sous le niveau des entraits de charpente, fut réalisé. Ce plafond est intégralement conservé au-dessus des voûtes de plâtre du XIXème siècle.

La nef fut à cette occasion entièrement badigeonnée d’ocre (des témoins sont conservés dans les parties hautes marquées par les voûtes), et l’on peut imaginer que les vitres du chœur et des oculus ont été éclaircies et dotées de verres blancs à résille de plomb, comme le laisse entendre une gravure de 1820.

C’est également à cette époque (1735) que fut construite la sacristie et l’école. La voie ancienne qui, passant derrière le chevet, descendait vers l’actuelle rue de la Paix  fut alors supprimée. On parle à cette date de l’horloge pour la première fois.

En 1737, un vitrier change les vitres au-dessus de la grande porte de l’église. Quatre solives sont posées en 1740 pour le rétablissement du collatéral de l’église derrière la chaire, travaux de couverture et scellement d’une porte dans la sacristie. L’archidiacre de Paris, Tandeau, constate que les inhumations dans l’église portent préjudices au carrelage déjà dégradé.

En 1748, Raymond Marais, propriétaire des Marmousets prend possession de la chapelle de la Vierge dite chapelle seigneuriale, il s’engage à l’entretien de cette partie de l’église, plafond et toit compris.

Des travaux de réfection sont entrepris, en 1754, sur le clocher et le battant de la petite cloche. Montage, en 1755, d’une échelle sur la voûte de l’église, fonte de la petite cloche par Charles Goudineau et réparation de l’horloge.

En 1777-1778, reconstruction de la sacristie par le maçon Baudrier, entretien de la couverture, entretien de l’horloge, nettoyage des croisées et remplacement de carreaux.

Des réparations urgentes sont à faire en 1782 à la maison du maître d’école. On construit une cheminée contre le mur de l’église.

Ordonnance de l’archevêque de Paris en 1784 pour la confection de châssis ouvrant aux vitres de l’église. La partie collatérale gauche qui servait comme salle de classe sera affectée à l’église. Réparation du confessionnal et commande d’un nouveau, réparation et mise à nu du pavement. Nivellement du cimetière et arrachage des arbres qui poussent dans le mur de l’église.

Un architecte visita l’église en 1788, pour des travaux dans le chœur.

 

Les travaux de restauration du XIXème siècle.  

Avec le changement de régime, les ressources de l’église diminuèrent fortement et l’édifice souffrit d’un abandon relatif pendant près de trente ans. Le pignon de l’église menace, en 1801, de s’écrouler sur la voie publique. On craint alors que dans sa chute il n’entraîne celle de la maison voisine. Pour rétablir cet édifice, l’estimation des frais s’élève à environ 3 000 francs.

Restauration en 1803 des vitraux, pose de douze panneaux neufs et réparation au plomb des autres. L’intérieur de l’église nécessite plusieurs réparations.

Tous les bancs sont adjugés en 1804 avant restauration de l’église. Certains propriétaires des bancs sont chargés d’effectuer les réparations du sol comme rétablissement des carreaux de terre qui peuvent y manquer et autres rétablissement s’il est nécessaire.

Dépenses urgentes pour le pavage du clocher en cailloux de grès liés avec chaux et ciment, couverture en tuiles sur le chœur et sur l’église.

Monsieur de Maistre, Maire de la Queue-en-Brie et bienfaiteur de l’église, offre, en 1813, six cent francs pour la réparation et la décoration de la chapelle Saint Roch à gauche de l’église.

L’église est en si mauvais état que le Conseil municipal décide en 1817 , la programmation d’une campagne de travaux qui eut lieu en 1819 pour la somme de 9 000 francs. Les travaux seront payés au moyen d’une imposition extraordinaire de 9 119 francs, en trois années, autorisée par une Ordonnance royale du 11 mars 1818. Pendant l’intervalle qui s’est écoulé entre la rédaction du devis et les réparations à exécuter, il est survenu de nouvelles dégradations qui s’élèvent à 393,87 francs.

Une première somme de 3 293 francs est bientôt engloutie dans différents travaux de grosse maçonnerie et de toiture. Mais l’on s’aperçoit que tout n’est pas encore achevé et que le budget prévu s’avère nettement insuffisant. Les finances communales, beaucoup trop faibles, ne peuvent supporter ces frais supplémentaires. Alors le Maire, Monsieur le Baron Armand de Maistre, soutenu par toute l’assemblée municipale, écrit le 20 octobre 1819 au Ministre de l’Intérieur, lui exposant les sacrifices consentis par les habitants de La Queue-en- Brie pour commencer les réparations de l’église et comment ils sont maintenant hors d’état de pouvoir terminer les travaux de rétablissement de l’édifice. Le Ministre, généreux, accordera 2 000 francs aux Caudaciens en détresse. Le pignon occidental de l’église disparut alors.

La grande porte est réparée en 1827, ainsi que les marches de l’autel. Les croisées sont restaurées, quelques-unes étant à refaire entièrement. Les vitraux  dans un délabrement total causé par les grands vents seront remplacés. Quant au clocher, il subit lui aussi, à son étage supérieur, les bienfaits de ce renouveau. On modifie le plancher et la charpente qui supporte la cloche, ainsi d’ailleurs que plusieurs pièces de serrurerie, utiles au bon fonctionnement de Catherine Louise.

Pourtant toutes ces réparations ne sont pas encore suffisantes. En octobre 1839, le conseil de fabrique sonne l’alarme. L’église est dans un état général de dégradation tant intérieur qu’extérieur. Des mesures énergiques s’imposent. Il faudrait enlever les terres de l’ancien cimetière qui, à certains endroits, entourent l’édifice sur une hauteur d’environ 1,50 m, et niveler à hauteur de la rue. Il faudrait également recrépir, installer des gouttières afin d’empêcher les eaux de s’infiltrer dans les murs. A l’intérieur, un piquetage est nécessaire pour faire tomber les vieux enduits et le salpêtre, mettre les pierres à vif. On se propose de faire dresser des dalles contre les murs, de reboucher les crevasses des cintres et des plafonds. Le Conseil municIpal est sollicité pour subventionner ces travaux indispensables. Faut-il voir dans le projet d’enlèvement des terres, le début du déchaussement des fondations de l’église ?

Vers 1840, le curé demandait rien moins que la reconstruction de toute l’église. Un courrier préfectoral du 12 février 1844 met un terme à ce projet, estimant l’emplacement prévu insuffisant et les sommes à prévoir trop importante. L’édifice est jugé propre à recevoir de nouveau les fidèles pour la célébration du culte.

Plusieurs  campagnes de travaux se succèdent durant la moitié du XIXème siècle, qui relèvent surtout de l’entretien de l’édifice et du réaménagement. Des réparations urgentes furent également entreprises, dont nous ne connaissons malheureusement pas la teneur (tant sur l’église que sur le clocher). Un legs du Général Hulin de 1.000 francs et une souscriptions de 1200 à 1500 francs servent à payer la majeure partie des réparations à l’église et au clocher. Les travaux sont achevés à la fin du mois de septembre 1842. Réparation de l’église et de la sacristie en 1848, ainsi que la réalisation d’une chambre (remise) au-dessous de la petite porte du clocher.

Création en 1852 d’une cloison, sous celle de la sous-pente auprès du clocher, dans l’intérieur de l’église. Construite de briques de champ, elle est ravalée en plâtre avec une huisserie de porte en sapin ferré avec deux pommelles doubles et une targette.

En 1860, décision est prise  de détruire la maison Renoux . Celle-ci ne fut effective qu’en 1871. Lorsque la démolition fut engagée, des désordres importants apparurent dans la maçonnerie de la nef. La maison Renoux la contrebutait en effet, puisque, comme nous le supposons, elle correspondait en réalité à la moitié ouest du bas-côté nord. Des travaux de consolidation durent alors être entrepris dans l’urgence, et des contreforts furent établis.

Après la disparition de la maison Renoux, le mur gouttereau nord de la nef fut percé d’une baie ogivale. Elle donnait jour à la nef, pour peu de temps, puisque dès les travaux de rénovation intérieure de l’église de la fin du siècle, elle est murée pour permettre d’adosser le piédroit nord de l’arc doubleau fictif qui retombe au sud du contrefort du clocher. Le dernier enduit extérieur, visible aujourd’hui, fut mis en place sur l’église. Il est caractérisé par ses effets de panneaux sur les contreforts.

Dans les années 1860, d’importants travaux de réaménagements intérieurs ont lieu. Les voûtes en plâtre de la nef furent établis dans le prolongement des voûtes du chœur, sous le plafond du XVIIIème siècle. Elles permirent d’unifier l’espace intérieur, rejoignant en cela le projet gothique initial. Cependant, les élévations de la nef furent conservées telles que le XVIIIème siècle les avait transmises, à l’exception de la première travée attenante au clocher du XVIème siècle, qui est isolée visuellement de la nef proprement dite par l’épais doubleau établi pour dissimuler le contrefort du clocher qui faisait saillie sur la nef. Cet épais doubleau feint est constitué d’un assemblage de briques et plâtre. La pose des tirants dans le chœur et dans la chapelle du Sacré-Cœur est-elle contemporaine du voûtement de la nef ? C’est probable. Il est cependant possible que certains d’entre eux aient été posés dès le XVIIIème siècle.

Ces travaux d’harmonisation entre nef et chœur ont été réalisés dans  le style médiéval. La nef est curieusement voûtée d’arêtes et les culots évoquent davantage le néo-roman, plutôt que le style gothique. Est-ce pour justifier une pseudo-antériorité de la nef par rapport au chœur, ou bien  pour harmoniser celles-ci avec les baies en plein-cintre conservées ? Cet aménagement est complété par une rénovation complète du décor de l’église, dans ses espaces majeurs. Nef et choeur reçurent alors un important programme décoratif peint. Celui-ci est constitué d’un faux appareil en maçonnerie de pierre feinte qui s’étend jusqu’à la première travée du chœur gothique, tandis que la seconde travée de chœur est doté d’un décor polychrome dans la tradition de Viollet-le-Duc. Un décor à motifs floraux habille non seulement les parois, mais également l’autel néoclassique conservé. Est-ce cette période que furent occultés les oculus ? La seule chose que l’on puisse affirmer, c’est que cette opération eut lieu lors du rehaussement (relèvement) des toitures dans le courant du XIXème siècle.

Cet important décor peint a pour objet d’unifier l’ensemble du volume de l’église. Celui-ci eut pour effet de réduire visuellement le chœur à une seule travée alors qu’il englobait, liturgiquement et architecturalement, les deux travées gothiques. Ce décor fut complété au sol par la mise en place d’un carrelage d’esprit médiéval de qualité en harmonie avec ce décor peint.

On remarque en effet au sol de la première travée, la marque de l’emprise de stalles du chœur, marquée par une absence de carrelage. Enfin, l’un des derniers aménagements de cette période est l’établissement d’une tribune au-dessus de la première travée de la nef afin de recevoir la donation d’un orgue de cinq jeux aujourd’hui disparu.

Le grand vitrail de la baie en triplet du chevet, en grisaille et fermaillet, semble être contemporain du programme peint. Des bienfaiteurs complétèrent cette rénovation par l’offrande de vitraux dans les collatéraux nord et sud. Ces vitraux sont éclectiques, associant des scènes bibliques à décor égyptianisant avec un entour médiéval.

L’église de La Queue-en-Brie a été bénéficiaire de nombreux dons et legs en sa faveur. C’est ainsi que le 7 mai 1869, un courrier confirme le don d’un ciboire par l’empereur Napoléon III . Cette même année, expédition d’un tableau « Ecce homo » le 5 novembre 1869 par le Ministre des Beaux Arts. L’Ecce Homo auparavant au-dessus de l’autel est maintenant disposé au fond de la nef sur un socle. Il s’agit d’un tableau de M. Laville offert par l’Empereur Napoléon III.

La fabrique reçoit en 1875, 804,80 francs pour les dommages de guerre. Cette somme sera utilisée entre autre pour confectionner une nouvelle chair. Réalisée par Chauvet pour 113 francs elle sera mise en place en 1880.

Pose de vitraux en 1881 offerts par Madame Rouart à la Chapelle Saint Leu. Remplacement des grilles de fer contre les effractions.

M. Jacquier offre en 1882 l’orgue de 5 jeux à l’église. Création alors d’une tribune au-dessus de la grande porte d’entrée pour une somme de 1051 francs. Elle est construite en 6 semaines par M. Hérault. Large de 2,50 m, elle comprend un escalier, poutres et colonnes en chêne, plancher et balustrade en sapin dans le style ogival de l’église. Il est alors décidé de faire une demande de secours au ministère des Cultes.

Un inventaire du 6 février 1883, conservé aux archives départementales, nous indique l’origine d’une partie du mobilier de l’église. La chaire date de 1879, le banc d’œuvre à droite de la nef a été donné par Monsieur Jacquier en 1880. Le chemin de croix, en quatorze tableaux en bronze, fut offert par Monsieur Bertrand propriétaire de la villa de la tour en 1867.

Le sol de l’édifice a fait l’objet à la fin du XIXe siècle d’une réfection complète du carrelage polychrome assorti aux peintures. Les dispositions du chœur liturgique révèle des lacunes sommairement colmatées, puisqu’il n’existait pas de carrelage à cet endroit, correspondant à l’emplacement des stalles. Ces lacunes ont été ragrée soit au ciment, soit au moyen de tommettes anciennes.

 

Les travaux du XXème siècle.

Sous la direction de M. Mureux, architecte de la commune, des travaux importants ont été exécutés dans l’église et ont transformé le monument. La façade ouest fut entièrement retraitée en 1903, en même temps que l’oculus était extérieurement recentré sur la façade (la rosace est déplacée de 50 cm).

Si l’église a conservé ces derniers enduits sur ses façades latérales, les façades est et ouest ont été dépouillées en totalité de leurs revêtements protecteurs et jointoyées au ciment. Les interventions sur l’édifice seront, à partir de cette date, essentiellement des travaux d’entretien.

La statue de Saint Nicolas patron de la paroisse en calcaire peint, sauf les mains et l’avant bras qui sont en plâtre suite à des réparations fut classée au titre des Monuments historiques, le 20 février 1915. Datant du XVIe siècle, le Saint porte le mitre haute à reliefs imitant les pierreries. La chasuble ample, couvre les avant bras de plis nombreux, et la soutane tombe sur des souliers à bouts pointus. La figure est fine et bien traitée, la pose assez fortement hanchée est gracieuse.

En novembre 1922, il est demandé à Monsieur Guerchois, architecte communal d’établir un devis pour les travaux de réparations de la toiture. Les travaux exécutés par Monsieur Loriot en 1923, s’élèvent à plus de 6.000 francs.

Le 14 mars 1925, l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres attribue une somme de 3 500 francs, (versée le 22 octobre) sur la fondation Pellechet, pour des réparations nécessaires à l’église de La Queue-en-Brie .

Le 25 juillet 1926, le maire Rémy Carré engage 2 900 francs pour la réparation de la sacristie et de la couverture du clocher, croix et coq auprès de l’entreprise Lebreton. D’autres restaurations sont encore entreprises le 10 mai 1927 à la sacristie.

En novembre 1930, on envisage la réparation des portes de l’église. Les devis fournis par Messieurs Henry et Thomas se montent à 1.800 francs. Après délibération le Conseil municipal décide de surseoir aux réparations.

Monsieur Tarlet est contacté en 1931, afin de fournir un devis pour placer des tôles sur la porte de l’église et sur celle du clocher. Monsieur Thomas repeint la porte de l’église pour un montant de 600 francs. Le devis de Tarlet concernant la serrurerie se monte à, 1.075 francs, il est accepté sous réserve que le travail soit fait dans un délai de 40 jours.

La commune passe un avenant de 9,30 francs en 1932 à la Police d’assurance contre l’incendie de l’église n° 57062, avec la Compagnie d’assurances générales à Corbeil pour l’installation de l’éclairage électrique.

Réparation en 1933 de la serrurerie de l’église par Monsieur Lepante qui se monte à 190 francs. Monsieur Froger, effectue la même année plusieurs réparations. Le soubassement du clocher pour 708 francs et la toiture de l’église pour 563,85 francs

La commission des travaux signale en 1935 qu’une partie de la toiture et de la charpente de l’église sont en mauvais état. Après examen, Monsieur Froger est autorisé à effectuer les réparations de la toiture, quant à la charpente c’est Monsieur Petitjean qui sera mandaté. Le dit mémoire s’élève à 217,99 francs.

En 1936, il est décidé de refaire la couverture de la sacristie. Monsieur Froger s’engage à faire le travail au prix de 600 francs.

La commune sollicite en octobre 1945, Monsieur le Préfet, pour une subvention au titre de la reconstruction afin de réparer les vitraux de l’église cassés par un bombardement. Le devis s’élève à 121.260 francs

En février 1950, on décide de repeindre le cadran de l’horloge du clocher. Messieurs Pestrel et Braun sont contactés pour le démontage et le remontage pour environ 5.000 francs. En septembre Monsieur Pestrel recevra une somme de 6.396 francs pour les travaux réalisés. La pendule sera également remise en état par Monsieur Duquesne pour un montant de 2.800 francs.

Monsieur Froger est chargé en avril 1951 à procéder à la réfection de la toiture, les travaux seront payés au mètre. Commencé début mai et terminé le 15 juin, les travaux s’élèvent à 200.304 francs. La même année Monsieur Canu réfectionne la charpente de l’église pour 38.268 francs, quand à la réfection de la façade elle sera confiée à Monsieur Braun pour un prix forfaitaire de 125.000 francs.

Monsieur Froger est contacté en mai 1952 pour la réfection de la toiture s’élevant à 406.000 francs. Installation  en juin d’une sirène incendie au clocher de l’église par Monsieur Ribier électricien à Champigny pour un devis de 79.500 francs. La commune sollicite le Préfet pour une subvention qui sera de 30% soit 32.900 francs. Cette sirène sera déplacée l’année suivante pour être installée sur le toit de la mairie.

En juin 1953, on décide de refaire le clocher qui soutien l’horloge, de le consolider par une poutrelle métallique et de déchaîner en certains endroits l’escalier du clocher. Les travaux seront confiés à Messieurs Braun et Canu.

Des dommages de guerre ont été attribués à la commune pour la réfection de l’église et en particulier pour le remplacement des vitraux. Monsieur Goudire, curé de La Queue-en- Brie, ayant fait effectuer ces travaux en 1946 par les établissements Mournèje Frères, les paiera de ses propres deniers. Il sera remboursé par la municipalité en février 1956 d’une somme de 77.900 francs.

Le projet d’acquisition d’une horloge  électrique est momentanément abandonnée en avril 1961. On profitera de l’échafaudage édifié en vue de la réfection du clocher pour procéder aux réparations des aiguilles de l’horloge existante.

En mai 1963, il est demandé à Monsieur le Curé de bien vouloir envisager l’installation d’un système de protection du dispositif de chauffage de l’église installé entre le mur de l’église côté Est et la mairie.

En décembre 1974, un emprunt de 282.000 francs sur 15 ans est souscrit auprès de la Caisse de Dépôts et Consignation. Il est destiné au financement des travaux de réfection de la toiture et de restauration de l’église.

Monsieur le Curé, demande le 7 mars 1975, la restauration partielle des façades et de la couverture de l’église. La nécessité des travaux ayant été constaté, la commune confie à la société de construction Preire et Pasquet de Valenton l’exécution des travaux pour un montant de 279.660 francs TTC.

Des réparations à exécuter à l’église s’avérant indispensable pour la conservation de l’édifice, le Conseil municipal décide le 29 septembre 1977 de prendre en charge les travaux de réfection, dans la limite d’un crédit maximum de 100.000 francs.

La première urgence dans la mise en valeur du patrimoine en 1981 est sans aucun doute la restauration de l’église, gros œuvre, vitraux et protection contre la foudre, soit un coût prévisionnel de 706.971 F. Lors de la délibération du 29 octobre 1981, prenant engagement de réaliser les travaux de réfection de l’église, la commune demande le 16 avril 1982 à bénéficier d’une subvention du Ministère de la Culture au titre de participation à la restauration du patrimoine rural non protégé au titre des Monuments historiques. Le Ministère accorde une subvention de 97.500 F pour la réfection et notamment  celle des vitraux.

L’appel d’offre du 21 mai 1984, attribue à l’entreprise Quagliaroli la restructuration d’une voûte de soubassement et à la Compagnie Générale de chauffage et électricité de France, la réfection du chauffage et le raccordement au gaz de ville pour un montant total de 797.750 F. Le financement sera réalisé par 197.750 F de fonds divers et un emprunt de 600.000 F souscrit auprès de la Caisse de Dépôts et Consignation.

Dans les années 1990, il a fallu poser des étais sur l’édifice qui menaçait de s’écrouler. De plus la tempête a gravement endommagé le clocher, l’église a du être fermée au public.

L’église Saint Nicolas a été inscrite en totalité sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté préfectoral n° 96.2756 du 19 décembre 1996, à la demande conjointe du Maire et du curé de la paroisse.

 

Les travaux fin XXème début XXIème siècle.

L’église présente en 1997 des fissures et des dévers préoccupants. Une étude est donc entreprise qui a pour objet l’analyse des désordres observés et de la pathologie générale de l’édifice, puis la définition des interventions de restauration nécessaires pour stabiliser l’édifice et le restaurer. Après une analyse historique et archéologique nécessaire à la compréhension du bâtiment, de son équilibre et de son état général de conservation, des conclusions sont apportées sur l’origine et l’évolution des désordres. La définition des travaux à envisager s’accompagne ensuite d’une proposition de phase en cinq tranches de travaux et d’une estimation financière sommaire.

Cette étude de stabilité et de restauration de l’église Saint Nicolas, souhaitée par le Maire, doit constituer un guide pour la planification d’intervention et un document qui permette d’engager auprès de la Direction Régionale des Affaires Culturelles le processus de demande de subventions. Le projet détaillé pour chacune des tranches devra ensuite être effectué en amont, afin d’effectuer des appels d’offre auprès d’entreprises pour l’exécution des travaux.

Un contrat est passé en 1997 avec la Société OAVI du Plessis-Trévise pour l’entretien des installations de chauffage de l’église. Le contrat est conclu pour un an le 1 janvier  au 31 décembre 1997, renouvelable par tacite reconduction par tranche d’une année pour un tarif forfaitaire annuel de 4.413,96 F. La Société a l’obligation d’effectuer quatre visites pendant la période de chauffe. En dehors des visites d’entretien, l’exploitant s’engage à assurer les dépannages éventuels, sur simple appel téléphonique dans les meilleurs délais. Les appels justifiés ne seront pas facturés. Sont exclus des dépannages les gros travaux de remise en état des installations et tout travail important qui nécessite l’établissement d’un devis préalable.

Un budget provisoire est établi en février 1998 : 1ère phase, parties Ouest et Sud (consolidation des fondations, drainage, captage des eaux pluviales) 2.240.000 F. 2ème phase : Parties Nord et Est (consolidation des fondations, drainage, captage des eaux fluviales) 1610000 F. 3ème phase : Le chœur (consolidation de la structure et mise en valeur) 3.162.855 F. 4ème phase : Les toitures nef et bas côté 2.051.406 F. 5ème phase : Les façades, les intérieurs et les abords 2.408.502 F. 6ème phase : Les abords 1.018.105 F.

Le Conseil municipal adopte le 24 avril 1998, le plan de financement pour la restauration de l’église, d’après l’estimation établie par Madame Anne Bossoutrot, architecte du patrimoine à Paris. Cette dernière est désignée pour assurer la maîtrise d’œuvre dès la première tranche de travaux s’élevant à 4.145.397 F. Des subventions sont demandées aux Ministère de la Culture et à l’Association de la Sauvegarde de l’Art Français.  

 

L’édifice se présente dans un état de vieillissement général qui le fragilise dans toutes ses parties. Cet état se manifeste extérieurement par la présence d’un certain nombre de fissures, par une forte usure et dégradation des enduits de façade sur certaines parties, nuisible à la conservation. Enfin, des dévers d’importance variable suivant les parties qui sont les signes manifestes de défaut de stabilité.

L’analyse de la pathologie de l’église conduit à l’analyse en tout premier lieu du sol et les fondations de l’édifice, puis l’équilibre statique de la superstructure du chœur. Chacune des parties constituant l’édifice a ensuite fait l’objet d’observations, charpentes et couvertures, maçonneries, intérieurs et enfin les abords.

Le bureau d’étude Géo-Sigma a réalisé une reconnaissance de sols et des fondations. Le sous-sol est constitué d’un sous remblai de hauteur variable de 1,50 m maximum et d’une marne calcaire sur une hauteur de 2,50 à 3,00 m. Celui-ci constitue en principe un terrain résistant propre à recevoir les fondations. Aussi l’église a-t-elle été fondée à ce niveau. Cette marne calcaire de Brie a pour caractéristique de renfermer des nappes d’eau qui est le principal facteur d’altération. Au dessous de ce sol marno-calcaire, on rencontre des argiles vertes sur une hauteur de 4,50 à 5,00 m, puis de marnes de Pantin sur une hauteur de 3,50 m et enfin des marnes d’Argenteuil sur une hauteur supérieure à 7,00 m. Il est indispensable avant tout d’assécher le sol marno-calcaire afin de lui rendre sa cohésion et résistance primitives affaiblies par l’établissement d’un drainage périphérique et la réfection du système de renvoi des eaux pluviales vers le réseau d’égout.

Le clocher constitue un élément indépendant de l’église en raison de son poids important. On peut observer un certain nombre d’indices indiquant un mouvement de celui-ci, à savoir une fissuration verticale ou subverticale dans la partie ouest de l’édifice (première travée) sur le mur sud de la nef, et tout particulièrement à la jonction nef/clocher. Cette fissuration verticale s’ouvre vers le haut, ce qui est la marque d’un léger basculement du clocher, les fissures en échelons visibles en partie inférieure indiquant un cisaillement. Un sondage à la base des fondations du clocher, laisse apparaître que les anciens terrassements ont déchaussé, en totalité les fondations sur la partie sud du clocher. L’encaissement de l’édifice, côté nord, est propice à la pénétration des eaux dans les maçonneries basses, ainsi qu’en pied de fondations. L’assise et le massif de fondations en pierres sèches peuvent ainsi avoir été affaiblis.

Le chœur souffre d’importantes déformations de sa structure. Ces désordres apparaissent à l’évidence  ancien puisque d’imposants contreforts formant butée au vaisseau central on été établis côté nord, le côté sud étant contrebuté par l’ancien clocher. Des tirants de confortations ont été rapportés, indiquant que les désordres avaient continué à progresser. Aujourd’hui, le fléchissement de la colonne est tel qu’il donne des signes d’inquiétude quant aux risques d’avoir atteint l’état limite de la stabilité de la structure. En partie haute, les tirants établis, n’ont pas été disposés au droit des arcs doubleaux, ce qui atténue leur efficacité. Ainsi peut-on noter sur les deux murs de la nef des fissures au droit du passage des tirants, indiquant une progression de la poussée des voûtes. Des fissures côté nord montrent la forte poussée des doubleaux. Côté sud enfin, on note un léger décollement entre les voûtains de la première travée du chœur et le formeret. Il en résulte que la coexistence d’une superstructure à l’équilibre imparfait et de fondations mues par un mouvement de rotation entraîne une progression de désordres, qu’il convient de freiner en agissant tant en partie haute qu’au niveau des fondations. Le confortement des structures hautes du cœur sera effectué au moyen de la mise en place de tirants métalliques puis la restauration du chœur dans son ensemble.

Les maçonneries présentent dans leur ensemble un état de vieillissement prononcé. L’eau a sans aucun doute été le principal agent de dégradation de celles-ci. Des dévers des maçonneries sont perceptibles en plusieurs endroits, attestant également des mouvements qu’a subi l’église au cours des temps. Deux zones sont principalement affectées par ces dévers, la façade et contreforts attenants au bas-côté Nord, et de façon beaucoup plus prononcée, le pignon Est, a pris un gîte important. Si le dévers des maçonneries en élévation est lié aux mouvements des fondations, le pignon a probablement été entraîné dans son mouvement par le dévers de la charpente à laquelle il est solidarisé par un tirant. Les enduits anciens, ont été conservés, bien qu’étant très dégradés sur chacune des façades latérales. En revanche, sur l’ensemble du clocher, des façades ouest et est, les enduits ont été systématiquement enlevés à une date assez ancienne, dégageant les moellons. Les enduits anciens sont de qualité, ils seront restaurés ou refaits suivant les parties, à l’identique chaux et enduit.

Les charpentes sont dans un état de conservation variable suivant les parties. La charpente la plus endommagée est celle du chœur qui, en l’absence de contreventements longitudinaux, verse. Elle nécessite d’être redressée et restaurée. La charpente du bas côté sud de la nef est très légère. L’une de ses fermes, rompue est moisée, tandis qu’un étai permanent à été établi à proximité de la seconde ferme. La restauration générale en l’état de cette partie doit être effectuée. La chandelle de confortation sera supprimée à cette occasion. La charpente du clocher, datant sans doute du XVIIème siècle, constitue un ouvrage de qualité qui est en bon état de conservation. La charpente du beffroi, conçues pour recevoir deux cloches, a été confortée au niveau de la seconde cloche conservée. Les assemblages du beffroi devront être vérifiés et restaurés pour permettre à la cloche de battre à la volée. Le plancher du beffroi est en mauvais état et devra être refait, ainsi que le plancher de l’ancienne chambre de l’horloge qui surplombe l’actuelle chaufferie.

L’ensemble des toitures est couvert en tuiles de Bourgogne petit moule. Aucune n’est véritablement hors d’état, mais on remarque des développements de mousses et lichens sur certaines parties. Elles seront progressivement restaurées. Le système générale de collecte et descentes d’eaux pluviales devra être repris et modifié en totalité et raccordé au réseau urbain. En effet, certaines descentes d’eau sont tout à fait néfastes à la bonne conservation des maçonneries et fondations. Les eaux ne se sont pas éloignées de l’église. Elles détrempent le sol et  ruinent les fondations, affaiblissent leur résistance et provoquent des remontées capillaires intérieurement et extérieurement. Le dispositif de renvoi des eaux favorise l’altération du sol marno-calcaire. Il est indispensable et urgent de remédier à cette source majeure de désordre en réorganisant leurs parcours. Elles sont l’une des causes de la désorganisation du lambris du cœur.

Les mouvements sont matérialisés intérieurement par des dévers importants et des fissures plus ou moins prononcées. Certaines sont importantes, tout particulièrement sur les murs, tandis que sur les voûtes, on observe essentiellement de petites fissures diffuses accompagnées de faibles décollements de voûtains. Après avoir stabilisé l’édifice, les fissures seront remaillées.

L’intérieur de l’église se compose d’une nef de quatre fausses travées couverte de voûtes d’arêtes en plâtre et accostée partiellement de bas côtés plafonnées. Le chœur gothique, de deux travées, est couvert de voûtes d’ogives en pierre et cantonnée de bas-côtés, également couverts de voûtes d’ogives. Il en est de même pour les chapelles encadrant le sanctuaire reliées visuellement au chœur par des arcades en ogive. La nef est mise en communication avec les bas-côtés par deux arcades séparées par des piliers carrés. La première travée est surmontée d’une tribune qui fut créée pour porter l’orgue de cinq jeux offert à la fin du XIXème siècle. Un aménagement récent a créé un escalier d’accès à celle-ci, ainsi qu’un sas vitré sous la tribune. La nef est ornée de culots du XIXème siècle qui supportent les voûtes d’arête, et l’ensemble est revêtu d’un peu de faux-appareil, dans le bas côté sud de la nef, à proximité du clocher, une cloison a été établie, marquant la baie en plein centre, communication entre le clocher et le bas côté sud. Le passage des gaines du chauffage est partiellement installé dans ce local. Le chœur est composé de façon, dissymétrique, à la colonne établie côté nord fait face, au sud, une colonne plus élancée. Une faisceau de trois colonnette surmontent les colonnes pour recevoir les retombées des arcs ogifs. Les jours des oculus aménagés sous les arcs formerets sont murés. Le chœur est seulement éclairé par le triplet du mur et qui a reçu une verrière de grisaille néogothique.

Le mobilier du chœur comporte un bel autel « restauration » dans le style néoclassique avec emmarchement. L’ensemble du chœur a reçu au XIXème siècle un intéressant décor peint, y compris sur le lambris classique. Le carrelage établi à la même époque s’harmonise avec celui-ci. Des vitraux de la fin du XIXème siècle ornent les baies des nefs latérales. Trois d’entre eux sont signés du maître verrier rémois F. Haussaire et sont datés de 1898, celui qui clôt l’oculus occidental a été réalisé plus récemment (1930 environ) par l’atelier des frères Maumejean. L’église conserve quelques objets et mobiliers intéressants  en particulier, protégée une statue de Saint Nicolas en pierre de la fin du XVème siècle. L’église comporte également un beau panneau sur bois récemment restauré représentant Saint Jérôme, traduisant la Bible. L’Ecce Homo, don de l’Empereur, mériterait d’être restauré à son tour.

Afin d’effectuer des travaux prévus dans le cadre du contrat régional pour l’aménagement du parvis de l’église Saint Nicolas jouxtant la rue Jean-Jaurès, la municipalité sollicite en février 2000 des subventions auprès de M. le conservateur régional des Monuments historique d’Ile-de-France pour financer cette opération.

Les tableaux de l’église Saint Nicolas ont longtemps été délaissés, ces œuvres qui ont surtout une valeur sentimentale mais qui font partie du patrimoine font l’objet d’un programme de restauration en 1997. La restauration de ‘Ecce homo » signé Eugène Laville (1869) est achevée en 2000. C’est une peinture  à l’huile sur toile dans un cadre en bois détérioré. Selon Martine Martin, restauratrice de l’œuvre, celle ci « offrait une surface très encrassée, opacifiée par un voile de moisissures qui grisaient l’ensemble et masquaient la visibilité. La toile, fine, très desséchée, craquelée montrait diverses altérations. Base déchiquetée à droite de la signature avec perforations écaillages en soulèvement et perte de matière. Plusieurs déchirures (à droite de la lance, cou du jeune accoudé, tempe du christ…). Des écaillages ponctuels. La couche picturale était fortement craquelée en raison du dessèchement de la toile. L’œuvre a été confiée à l’atelier Joyerot pour une intervention de « refixage, rentoilage et traitement fongicide. Après quoi la restauration  proprement dit a pu être engagée avec régénération du chanci et allègement du vernis avec un mélange : isopropanol et isooctane, nettoyage de la couche picturale à l’aide d’un tensio-actif (Conrad 2000) très dilué et neutralisé au white-spirit , masticage des lacunes.

Fin novembre 2002, commencent la remise en état du clocher, la consolidation des fondations et la rénovation de la toiture pour assainir et stabiliser la structure. La totalité des travaux se montera à la somme de 6,5 millions de Francs (35% versés par le Conseil Régional, 800.000 F par les Monuments Historiques et le solde par la commune et diverses subventions .

Avril 2003, le clocher de l’église est restauré après cinq mois de travaux (il avait souffert de la tempête en décembre 1999).

Lors de la dépose des panneaux de boiserie au printemps 2004, sont apparus sur les parements des murs qu’ils recouvraient, des traces de décors recouverts par un encrassement important. Si sur le mur Est de fond, était reconnaissable un décor architecturé (culot et niche feinte) datant à l’évidence du XIXème siècle (période antérieure au grand décor actuel garnissant le chœur), les parties latérales (côté Nord et Sud) laissaient deviner la présence de décor non identifiable. Il fut demandé au restaurateur de peinture murale M. Dutreuil de l’entreprise Meriguet Carrière de procéder à un nettoyage de reconnaissance sur le mur Sud. Une grande figure de Saint Louis apparut, d’une grande qualité picturale. Il est représenté couronné de fleurs de lys surmonté de son carmel d’hermine, tenant de sa main droite une épée et, dans sa main gauche recouverte d’un linge, une couronne d’épines accompagnée des clous de la Passion. Il fut aussitôt décidé dans la mesure où il paraissait évident qu’une autre figure devait se trouver en symétrie, face à la première, d’amorcer un nettoyage sur le mur Nord.

Comme prévu, un second personnage fut dégagé. Il s’agit de Saint Charlemagne reconnaissable à un vêtement identique, une épée en pal, mais surtout au globe surmonté d’une croix qu’il tient dans sa main gauche. La dotation de ces peintures les attribue à l’époque Louis XIII (début du XVIIème siècle). La représentation, l’alternance des lés sur fond de tapisserie, la présence de tulipes, militent tous en faveur de cette époque.  L’identification et la datation a fait l’objet d’une note, qui a été transmise au maître d’ouvrage et au Conservateur du Patrimoine territorialement compétent Madame Marie-Hélène Didier. On peut donc imaginer que les images de ces deux rois dans l’église Saint Nicolas servaient à renforcer la légitimité de .Louis XIII aux yeux des paroissiens de l’époque.

Des sondages ont également été réalisés sur le mur Est sur la zone qui était recouverte par les boiseries du XIXème siècle. A gauche et à droite, disposés symétriquement on pouvait observer des fonds architecturés ocres comportant une haute niche centrale et un culot feint sur lesquels est représenté un angelot et une guirlande fleurie au-dessous. Le décor est à l’évidence du XIXème siècle, ce qui signifie que deux décors se sont succédés au cours du XIXème siècle. La qualité de ce décor antérieur au XIXème siècle est assez médiocre. Il est apparu derrière la niche gauche un personnage dont le visage et les épaules ont été presque entièrement dégagés. Cette peinture n’est pas contemporaine de Saint Louis et Saint Charlemagne.

Bien sûr, la découverte de ces peintures a quelque peu ralenti les travaux, car il a fallu les expertiser et décider de ce qu’elles pouvaient devenir. La municipalité étudiera les moyens d’intégrer ces peintures dans les boiseries rénovées au moyen de panneaux à charnières. Des devis provisoire seront établis : pour les murs Nord et Sud du chœur (peintures murales du XVIIème siècle) 12.848,00 F, le mur du chœur (dégagement et conservation des peintures) 21.252,00 F. Ce projet n’aura pas de suite.

L’église Saint Nicolas fut réouverte aux paroissiens le dimanche 28 novembre 2004 pour le premier dimanche de l’Avent.

Des travaux réalisés entre novembre 2006 et janvier 2007, concernent un accès au clocher flambant neuf, mise aux normes de sécurité, reprise des maçonneries, cerclage de la cage, rejointement intérieur et extérieur à la chaux, tout a été fait pour que la cage d’escalier offre à ses usagers un accès sécurisé et confortable. Coût des travaux 56 000 euros.

En 2007, les travaux se poursuivent par la mise aux normes électriques, la peinture de la sacristie et au printemps 2008 la  restauration des vitraux de l’église Saint Nicolas. Le vitrail circulaire de la tribune  Saint Nicolas de Bari est de Moumejean, les autres des nefs collatérales sont signés pour certains de François Haussaire, maître verrier à Reims.

L’extérieur ayant été restauré, reste maintenant l’intérieur, notamment les portes et la sacristie.

Dans l’attente de ces travaux, des paroissiens bénévoles assurent tous les samedis l’entretien et les petites réparations.

En ce début du XXIeme siècle, la commune a été épargnée par les catastrophes naturelles, de ce fait l’église Saint Nicolas garde tout son charme au centre du vieux village.

 

Bernard Thomas

 

Sources.

 

. Archives paroissiales

. Archives municipales

. La Queue-en-Brie de Jean Roblin

. Rapport de Mme Anne Bossoutrot architecte du patrimoine

. L’ACEP (Association Caudacienne d’Etude des Patrimoines)

. Monument historique, inventaire d’août 1984