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La Queue en Brie peut s'enorgueillir d'avoir eu un.
tel maire ! Il fut en poste du 22 février 1891
en remplacement d'Antoine Jacquier jusqu'au 2 janvier
1912, date de sa mort.
Il résidait dans le château triangulaire,
cette propriété faisait partie autrefois,
du domaine de l'Hermitage. Elle fut achetée en
1847, par Stanilas Rouart, négociant à
Paris.
En 1847, apparaît pour la pren-fière
fois dans les registres communaux le nom d'un Rouart,
Stanilas Alexis. On lui demande, cette là de
céder un des ses terrains pour élargir
un passage dangereux de la rue principale du village.
Ingénieur issu de l'Ecole Polytechnique, Henri
Rouart fut capitaine d'artillerie pendant la guerre
de 1870, au cours de laquelle il retrouva un ancien
condisciple du Lycée Louis le Grand, Edgar Degas.
Il y avait aussi fréquenté les frères
Halévy, Louis Bréguet ...
Il a épousé Hélène Hortense
Marie Jacob-Desmalter (1842-1886), petite fille de l'ébéniste
Jacob, auquel on doit, entre autres, le trône
de Napoléon ler et le berceau du roi de Rome.
Après la guerre, il exerça ses talents
d’ingénieur et d'inventeur dans un atelier situé
à Paris, Boulevard Voltaire, où il eut
l'occasion de travailler avec des personnages remarquables
: Fernand Carré pour le froid industriel, Gramme
(machine dynamo électrique Gramme type pour galvanoplastie),
Lenoir (moteur horizontal à distribution par
soupapes premier moteur à combustion interne),
Watt (bicyclette), Beau de Rochas, Mignon, Lefebvre..
et fut, soit avec eux, soit seul, le créateur
de plusieurs inventions, dans les domaines mécanique,
frigorifique, métallurgique.. E a participé
à une vingtaine d'inventions, dont l'appareil
pneumatique pour le transport des dépêches
présentées au cours d'expositions diverses
entre 1862 et 1896, dont l'Exposition Universelle de
1867, mais aussi le premier moteur à ailettes
extérieures moteur à refroidissement par
air,
Certaines ont été des innovations,
conservation frigorifique des cadavres de la morgue
de Paris, transmission pneumatique des dépêches
pour la Poste, fabrication de glace artificielle, moteur
à combustion interne, différents autres
types de moteurs. L'école des Arts et Métiers
a conservé le souvenir de ses travaux. En octobre
1878, il reçut la Légion d'honneur pour
l'ensemble de ses réalisations.
Henri Rouart a été aussi un peintre
de talent qui a sa place parmi les maîtres de
l'école française de peinture du XIXe
siècle, dans le monde de l'Impressionnisme. Elève
de Levert, Véron, Brandon, puis de Corot et de
Millet, il a participé à presque toutes
les expositions de cette école entre 1868 et
1886, comme celle de 1874, aux côtés de
Cézanne et de Monet. Paul Valéry a rédigé
l'introduction au catalogue de l'une de ses expositions.
Il a planté son chevalet en de nombreux endroits,
La Queue en Brie, Melun (Le Mée), Italie, Midi
de la France, Bretagne et Cher. De nombreux musées
conservent ses oeuvres
Marmottan, Orsay, Melun, Pau, Arras, limoges, Alger,
Chicago.
Il fut également un collectionneur passionné
et un mécène. Il possédait un ensemble
impressionnant de tableaux qui réunissait des
peintres contemporains comme Delacroix, Courbet, Daumier,
Millet, Carot, Manet, Cézanne, Boudin, Jongkind,
Berthe Morisot, Toulouse Lautrec, Degas, ainsi que Poussin,
Lorrain, Chardin, Fantin-Latour, Goya, Ribera, Fragonard,
Breughel, Tiepolo, Greco, Prud'hon, Cals.. Il prêtait
parfois quelques unes de ces oeuvres pour des expositions.
La plupart d'entre elles ont été dispersées
lors de ventes, après sa mort, dès 1912,
puis en 1913, et dernièrement en 1997.
Sa mandature fut marquée par de nombreuses
vicissitudes. Il entra en conflit avec les propriétaires
des Marmouzets, la famille de. Curel, pour l'obscures
difficultés liées à l'entretien
de chemins et de canalisations. Il se heurta aux ennuis
engendrés par le fonctionnement des transports
par car, Il fut confronté aux contrariété
administratives dues à la formation du Plessis
Trévise. En revanche il a pu mettre en place
une Société de Secours Mutuels qui dispensait
soins, médicaments gratuits, services d'un médecin.
Au bout de six mois, on comptait soixante dix membres.
On effectue des versements afin de réaliser des
placements pour les retraites des vieillards. Il existe
également un Bureau de Bienfaisance qui intervient.
auprès des nécessiteux par des attributions
de charbon et de nourriture. Cependant, il ne parviendra
pas à convaincre un médecin à venir
s'installer à La Queue en Brie,
Henri Rouart a soixante douze ans. Il est d'un abord
assez froid et ne parle guère. Ses petits enfants
le craignent. Avec sa barbe épaisse, sa moustache,
son vaste front, il fait sévère. En 1908
ses électeurs lui renouvellement leur confiance.
Vers cette époque, la goutte commence à
lui paralyser ses membres. A cause de cette difficulté
à se mouvoir, il ne peut plus venir à
la mairie. Alors, chaque jour de semaine, le garde champêtre,
vient lui apporter le courrier administratif et les
lettres à signer,
Mais le désir de peindre, encore et toujours
ne le lâche plus. Il ne craint pas la souffrance
pour s'adonner à sa passion. Ses mains sont fermées,
comme mortes. Il parvient pourtant, à force de
patience, à y glisser le pinceau, à étaler
sur la toile les chatoyants coloris de sa palette, qui
lui apportent un renouveau de bonheur intérieur.
Son ami Degas, lui, ne voit plus, mais il continue
à peindre avec autant de fougue, avec la même
impétueuse passion, Aux alentours de 1910, il
vînt à La Queue en Brie, il s'était
installé dans l’orangerie pour entreprendre une
de ses dernières oeuvres, jamais achevée,
madame Alexis Rouart et ses enfants.
Il a vécu dans une propriété
située en haut de. la rue Jean Jaurès,
à La Queue en Brie. Deux grandes maisons abritaient
sa famille assez nombreuses. Il y avait un atelier où
il s'adonnait à sa passion. Il recevait aussi
des amis artistes: Edgar Degas, le sculpteur Medardo
Rosso.
A l'époque moderne, cette propriété
était connue sous le nom de propriété
Martin Bricka, du nom de ses descendants et derniers
propriétaires de ce domaine. A Paris, il possédait
un grand appartement, rue de Lisbonne, où il
recevait régulièrement ses amis, Edgar
Degas, Paul Valéry, les frères Manet.
Ses liens amicaux et familiaux furent multiples avec
plusieurs d'entre eux.
De son côté, il avait un frère
Alexis (1839-1911), également collectionneur,
mais d'objets orientaux. Alexis fut son représentant
au Brésil pour une machine destinée à
travailler la canne à sucre.
Pour sa part, il eut six enfants, deux filles et
quatre garçons. Sa fille Lucie mourut à
l'âge de trois ans. Une autre fille, Hélène
(1863-1928) fut la mère de Monsieur Charles Marin.
L'un des garçons, Ernest suivit les traces
de son père et fut un dessinateur très
habile et très fin, Il fut d'ailleurs le seul
élève qu'eut jamais Degas. Ce dernier
encouragea le mariage d'Ernest avec Julie Manet, la
fille de Berthe Morisot et d'Eugène Manet.
Les trois autres fils d'Henri Rouart furent Alexis,
qui participa, entre autre, à la création
des jeunesse musicales. Son fils Paul, épousa
Agathe, la fille de Paul Valéry (et de Jeanne
Gobillard, cousine de Julie Manet).
Eugène, après avoir été
cultivateur au Plessis Trévise, s'installa en
Haute Garonne dont il devient sénateur.
Louis, éditeur d'art religieux, à qui
l'on doit deux biographies, celles de Berthe Morisot
(femme d'Eugène Manet) et d’Ernest Rouart.
La descendance d'Henri Rouart compte plus de cinquante
personnes, dont certaines sont ses arrières petits
enfants. Quelques uns sont connus comme Jean Marie Rouart,
académicien français, et directeur du
Figaro Littéraire,
Le 3 janvier 1912, monsieur Boulinier, adjoint, annonçait
à ses collègues réunis en séance
le décès de Henri Rouart. On vota aussitôt
une somme de cinquante francs, prise sur le chapitre
des dépenses imprévues, pour l'achat d'une
couronne.
Presque. six années plus tard, le 26 septembre
1917, le vieil ami Degas aveugle s'en allait lui aussi.
Le nom d’Henri Rouart a été donné
à la rue d'un lotissement proche de son ancien
domaine et la Maison pour tous porte son nom.
Bernard Thomas
Mise
à jour : Avril 2014
© ACEP et Albert Castel -
Février
2014 - Reproduction interdite
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