Pour
comprendre l’histoire de la Queue en Brie nous sommes obligés de
faire un détour par l’historique de Gournay-sur-Marne dont la
châtellenie de la Queue dépendait.
Vers
1100 Guy
II de Montlhery
(Gui Ier de Rochefort), dit « le rouge » à cause de sa
chevelure, époux en secondes noces d’Elisabeth
de Crécy,
est Comte de Rochefort (en Yvelines), seigneur de Châteaufort, de
Gournay-sur-Marne et de Crécy en Brie du fait de sa femme. Sénéchal
de France (avant 1095), il est fondateur du prieuré de Gournay.
Il
est certainement suzerain de la Queue en Brie, bien qu’aucun texte
ne le mentionne explicitement.
Il
a 6 enfants dont Guy
II de Rochefort en Yvelines (+
1111) seigneur de Gournay, décédé sans enfant.
Hugues
de Crécy
second fils de Guy le rouge est marié à Luciane
de Montfort.
Sénéchal de France, il est suzerain de la Queue en Brie après son
frère.
En
1107, il est dépossédé par le roi du château de Gournay au profit
d’Anseau
de Garlande.
Il décède en 1147, sans enfant.
Agnès
de Rochefort,
fille de Guy le Rouge, épouse Anseau
de Garlande.
Elle est comtesse de Rochefort en Yvelines, dame de Gournay et de
Gommets.
Anseau
de Garlande,
époux d’Agnès de Montlhéry (de Rochefort), fille du sénéchal
« Gui le rouge », issue de son premier mariage avec Aélis
de Rochefort-en-Yveline,
devient ainsi un allié de la puissante famille de Montlhéry. Anseau
reçoit en 1107 du prince Louis, futur roi Louis VI la châtellenie
de Gournay-sur-Marne relevant depuis 988 du comté de Melun.
Il
est comte de Rochefort en Yvelines, seigneur de Gournay sur Marne, de
Pontault, de Berchères.
Nommé
sénéchal en 1108, il sera tué en 1118 lors de l’assaut contre le
château d’Hugues du Puiset, vicomte de Chartres.
La
châtellenie de Gournay revient à son frère cadet, Etienne
de Garlande
en sa qualité de tuteur de sa nièce Agnès
de Garlande.
Agnès
de Garlande
(1112-1143), fille d’Anseau, est comtesse de Rochefort, dame de
Gournay et de Gommets. Elle épouse en 1120 Amaury
III de Montfort,
puis devient en 1139, la première femme de Robert
1er
de Dreux,
dit « le Grand », fils de Louis le Gros, roi de France.
De
son premier mariage, elle a 3 fils et une fille Agnès.
Agnès
de Montfort
(1123-1181) est dame de Rochefort, baronne de Gournay du chef de sa
mère. Elle épouse, en 1141, Galeran
II de Meulent.
En
1127, Galeran
II de Meulent
est possessionné à Pontault et à la Queue en Brie, voire seigneur
de ce lieu, du chef de sa femme.
Entre
1127 et 1147, lui et sa femme Agnès font une donation au prieuré de
Gournay-sur-Marne. Outre les dons situés à Gournay, il cède le
four de Pontault, la terre de Champgarneis à la Queue, dix arpents
au château de la Queue, la dîme des terres d’Archer et de Henri
le Grand, la moitié de la dîme de Pontault.
Le
château de la Queue en Brie existe donc dès cette époque.
On
y voit aussi apparaître Archer (alias Archer
de la Queue, Harcherus de Cauda
)
Ce
chevalier vend en 1143 la terre de la Queue en Brie à Constance
(1124-1190), fille de Louis
Le Gros
(1108-1137). (dite la reine Constance)
Elle
est l’épouse d’Eustache
IV de Blois (1127-1153)
puis de Raymond
V de Toulouse
qui la répudie en 1165.
Dans
une lettre qu’elle écrivit à son frère Louis VII de France après
sa répudiation, elle dit :
« J’ai
quitté ma demeure et me suis rendue dans un village en la maison
d’un certain chevalier car je n’avais ni de quoi manger ni de
quoi donner à mes serviteurs. Le comte n’a aucun soin de moi et ne
fournit rien de ses domaines pour mes besoins. »
Histoire
de la ville de Toulouse depuis sa fondation jusqu’à nos jours. Par
Jean-Mamert Cayla,Perrin-Paviot p.301
Elle
est la soeur de Robert
1er
de Dreux
qui est suzerain de la Queue en Brie.
Revenue
en Région Parisienne, son frère lui aurait attribué des biens
immobiliers dont on ignore l’ampleur. En tout cas, à partir de
1171 et sous le nom de comtesse de Saint-Gilles, elle fit plusieurs
donations de biens immobiliers à l’abbaye de Montmartre et aux
Templiers. Selon certains auteurs, elle aurait été dame de
Montreuil-sous-Bois (93) et à l’initiative de la construction de
la tour féodale de La Queue-en-Brie (94). Légende encore ou réalité
historique ?
Le
9 avril 1163 Galeran
II de Meulent
décède à Préaux (76) où il avait pris les ordres. Il avait
reconnu en 1157 tenir Gournay du roi.
On
avait voulu le marier à Bienne
de Bois
(d’Angleterre) âgée de 2 ans, mais le mariage ne se fit pas. De
son mariage en 1141 avec Agnès
de Monfort,
il a une nombreuse descendance.
En
1170, Agnès,
comtesse de Meulent
est seule seigneur de la Queue en Brie, elle décède en 1181.
Son
fils, Robert
II,
(#1141-1204) sire de Beaumont le Roger, époux de Mathilde
de Cornouailles,
confirme en 1166, toutes les aumônes que son père a faites au
prieuré de Gournay. Il confirme en outre le don fait par ses parents
du four de la Queue-en-Brie et d’une famille de serfs à Roissy.
En
1180, Amaury
II de Meulent
(1144-1196) (fils de Galeran
II
et frère de Robert
II)
devient seigneur de Beaumont le Roger, de Gournay s/Marne, de la
Queue en Brie, du Hommet, de Fontaine Guerard, Noyon sur Andelle,
Roissy, la Croix Saint-Leuffroy. Il épouse Adèle (Alix,
Aélis) de Luzarches,
dite de la Queue, veuve de Mathieu
II de Beaumont sur Oise.
Celle-ci
devient à la mort de son mari, dame de Gournay. (Compte
tenu de la filiation précédente, il n’y a aucun doute sur
l’origine du titre de dame de la Queue en Brie)
Roger
1er
de Meulent
(+> 1205) (3e
fils de Galeran II), comte d’Evreux, seigneur d’Aubergenville,
époux d’Elisabeth
d’Aubergenville,
dit Rogerus de Cauda est seigneur de la Queue en Brie et de Gournay
jusqu’en 1209, Chennevières et Sucy. En 1187, il concède à N.-D.
de Gournay la dîme des novales de Pontault et de la terre d’Amboile
(Ormesson), Thibaud étant prieur, et Herbert sous-prieur.
Robert
1er
de Dreux
(#1123-11/10/1188), frère de Constance et suzerain de la Queue en
brie, dit « le Jeune », épouse successivement Agnès
de Garlande,
Harvise
d’Evreux
et Agnès
de Baudement.
En
1202, à la mort d’Agnès
de Baudement (sa
mère), Robert
II de Dreux,
fils de Robert
1er,
devient suzerain de la Queue en Brie qui dépend de la Châtellenie
de Gournay s/Marne. Il se marie à Yolande
de Coucy
et en a Robert
III
(1185-1234), dit « Gasteblé ».
Celui-ci
succède à Robert
II
et devient suzerain de la Queue en Brie, jusqu’en 1233.
Amauri
III de Meulent
(1210-1295) 4e
fils d’Amauri
II de Meulent et
d’Alix
de Luzarches épouse
Marguerite
de Neufbourg.
Il est seigneur de la Queue en Brie.
En
1221, Roger
II de Meulent,
fils de Roger
1er
et d’Elisabeth
d’Aubergenville est
seigneur de la Queue en Brie. Il détient le péage de la Queue. Il
meurt sans enfant de Jeanne
de Ferrières Saint-Hilaire,
son épouse.
En
1224, Guillaume
et Amaury
III,
fils de Roger
1er
de Meulent
sont excommuniés par le chapitre de Notre-Dame pour n’avoir pas
obéi à une sentence d’arbitrage.
En
1231, Amauri
III de Meulent
prend le titre de seigneur de Gournay et de la Queue en Brie, à la
disparition de son père Roger
1er
de Meulent.
On
suppose que la châtellenie de Gournay-sur-Marne passa à la mort de
Robert
III de Dreux à
son frère cadet Pierre
1er
de Dreux
(+22/6/1250).
Pierre
1er
se
marie en premières noces à
Alix de Thouars de
laquelle il a Jean
1er
de Dreux.
Jean
1er
de Dreux
(1217-1286), dit « le Roux », seigneur de
Brie-Comte-Robert, se marie à Blanche
de Champagne-Navarre.
Il
en a Alix
de Dreux
(ou de Bretagne) dame de Brie-Comte-Robert et de la Queue en Brie
(1269). Elle se marie en 1254 (le Tillet) à Jean
1er
de Châtillon-sur-Marne (comte
de Blois).
Il
semblerait qu’Alix
de Bretagne
soit à l’origine de la fortification de la place de la Queue en
Brie. (Elle
fait entourer le bourg de murailles).
En
1258, suite à un litige avec Saint-Maur au sujet de Champigny, la
seigneurie de la Queue en Brie parait avoir été administrée par le
bailli d’Amaury IV (Valéran
1er
de Meulent),
Etienne
de Marines.
Saint Maur gagna le procès en 1281.
En
1269, Jean
de Châtillon,
seigneur de Brie-Comte-Robert, rend hommage à l’évêque de Paris,
pour le château et la châtellenie de la Queue
« de
Castro et Castellania de Cauda » à raison de sa femme, fille
du comte de Bretagne.
Entre
1267 et 1279, Jean
de Châtillon
rend
hommage à l’évêque de Paris, Etienne
Tempier,
le mercredi 11 décembre après la St Nicolas pour le château et la
châtellenie de la Queue.
En
1263, Jeanne
de Châtillon,
fille de Jean
de Châtillon
et d’Alix
de Bretagne,
est accordée à l’âge de 9 ans, à Pierre
de France
(comte d’Alençon). Le mariage aura lieu en 1272. Pierre
de France,
comte d’Alençon, Blois et Chartres, est fils de Saint
Louis
et frère du roi Philippe
III « le Hardi ».
Jeanne hérite de ses parents en 1276 et porte à son mari la
seigneurie de la Queue.
1274
Amauri
III de Meulan,
fils d’Amauri
II et
de Marguerite
de Neufbourg
est seigneur de la Queue en Brie, sans doute rétrocédée par les
descendants de la branche de Roger
1er,
partis s’établir en Normandie.
Jean
de Châtillon
devenu seigneur de la Queue en Brie par sa femme, en fait hommage en
1277 à Etienne
Tempier,
évêque de Paris.
Jean
de Châtillon
a pour vassal Amauri
de Meulent III,
sieur de la Queue en Brie. Il décède le 5/5/1280.
Devenue
veuve, Alix
de Bretagne
(épouse de Jean
de Châtillon)
prend en 1279 le titre de Dame de Brie-Comte-Robert et devient
suzeraine de la Queue en Brie. Elle décède le 2/8/1288 à son
retour de Terre Sainte. La seigneurie de la Queue en Brie passe à sa
fille Jeanne.
On
trouve en 1285 Raymond
de Meulent de Cauda
(officier du roi) et Thomassin
de Meulent de Cauda
(Contabularius sous Philippe le Bel)
Pierre
d’Alençon
décède à Salerne le 6/4/1283
Jeanne
de Châtillon
décède en 1291, sans enfant de Pierre
de France.
On suppose que la seigneurie de la Queue en Brie retourne à la
couronne.
1285
Jeanne
1ère
reine de France et de Navarre, comtesse de Champagne, de Brie et de
Bigorre, épouse de Philippe
IV le Bel
est suzeraine de la Queue en Brie. (Blason cheminée cour Pellerin)
En
1295, Valeran
(Galéran)
(1265-1340), deuxième fils d’Amauri
II et
de Marguerite
de Neufbourg,
succède à son frère et devient Seigneur de Gournay, la Queue en
Brie et Neufbourg. Il épouse Jeanne
de Bouville
(1305-1329)
Jeanne
d’Evreux
épouse en 1326 le roi Charles
le Bel.
Elle lui porte en dot la seigneurie de Brie-Comte-Robert et celle de
Gournay. Elle fait dresser le jour de la Chandeleur (1327) « le
Compte des recettes et des mises de la terre de Braye Comte Robert et
des appartenances d’icelle. Recettes du fié de la terre de la
Queue en Brie mouvant du chastel de Braye et la dépense à la
Queue ».
Les
fruits des terres de Pontault et de la Queue en Brie ont été perçus
par la reine Jeanne
d’Evreux
qui reprochait aux Paynel
de ne pas lui avoir porté l’hommage qu’ils lui devaient.(Olivier
Paynel,
époux d’Isabelle
de Meulent,
fille de Valeran
et de Jeanne
de Bouville).
En
1330 Guillaume
de Sainte Maure
(Saint-Maur) ou de Sainte-Mesme
est Seigneur de la moitié de la Queue en Brie, l’autre moitié est
aux Meulent.
Guillaume
de Sainte Maure
décède en 1271, il a un fils qui pourrait s’appeler aussi
Guillaume,
c’est ce que nous apprend la succession de Geoffroy
de Rancon.
Mais celui-ci disparaît aussi avant 1300. Aussi
peut-on douter de l’existence de ce Guillaume
de Sainte Maure
sorti de nulle part! Par contre à la même époque, on connaît
l’existence d’un Adam
de Saint-Memer,
écuyer, demeurant à la Queue en Brie qui vend à Pierre
des Essarts
et à sa femme en 1331, le fief de Thérouanne
(ou fief de la Rivière qui relève du fief de la Chaussée mouvant
de la baronnie de la Queue en Brie). La ressemblance patronymique est
troublante. Il pourrait bien s’agir d’une erreur de
transcription. Malheureusement nous ne savons rien d’autre sur ce
Saint-Memer.
En
1343, Jeanne
de Bourgogne
- la boiteuse- Reine de France cède au Chapitre de Paris dix livres
sur le péage de la Queue. Elle est suzeraine de la Queue en Brie.
En
1352, Valeran
de Meulent
(époux de Jeanne
de Bouville)
décède, son fils Jean
(évêque de Meaux, Noyon, puis Paris) lui succède. Il est seigneur
de Milly et de la Queue en Brie.
“Depuis
1358, la saisine du château de la Queue en Brie est en discussion
devant le Parlement. La demanderesse (Jacqueline
Lecoq, vicomtesse d’Ay)
a vu disparaître ses deux premiers maris, Jean
Baillet,
Trésorier de France, de qui elle a eu une fille Guillemette,
et Nicolas
Duchemin;
en son nom et au nom de sa fille, elle vient de reprendre une
nouvelle fois les errements de la cause de son troisième époux,
Pierre
Blanchet,
secrétaire du roi. Le défendeur à la complainte était Jean
de Meulan,
évêque de Paris, mais il est mort lui aussi et a été remplacé
dans l’instance, par sa nièce (soeur), Isabelle
de Meulan
et le mari de celle-ci, Olivier
Paynel. »
Isabelle
de Meulent
(1334-7/2/1417) Dame de Neufbourg, de Milly, de Maule, de la Queue en
Brie, d’Aubergenville se marie successivement à Olivier
Paynel,
Guillaume
1er
de Montenay
et Henri
de Thieuville.
Elle marque la fin de la présence des Meulent à la Queue en Brie.
Il
est intéressant de se pencher sur l’arrivée de ce nouveau
personnage Pierre Blanchet et de tenter d’en expliquer l’origine.
Les Blanchet n’étaient pas des inconnus dans la région. On trouve
un Robert
Blanchet
à Charenton en 1357. Il fonde et bâtit la Chapelle de l’Hôtel
Dieu de Charenton. Et à nouveau, un Guillaume
Blanchet (+
entre 1462 et 1469), sans doute son parent , qui est maître de la
Maison Dieu toujours à Charenton. Thomas
de Fleury
tient à cette époque, à Charenton, les fiefs de la Paroisse, de la
Chaussée et de la Rivière qui relèvent de la Queue en Brie.
Pierre
Blanchet
prend pour épouse Jacqueline
d’AY
(ou Jacqueline Lecoq, vicomtesse d’Ay). Celle-ci est veuve de
Nicolas
du Chemin
et de Jean
1er
Baillet.
Il
épousera en secondes noces Isabeau
le Pelletier,
et en troisièmes noces Guillemette
de Vitry.
Il
est seigneur de la ville du Pont de Charenton (aveu de dénombrement
de 1367 ) et est en conflit avec son vassal Thomas
de Fleury
en 1362.
Pierre
Blanchet
est premier secrétaire du roi Charles
V.
Celui-ci lui donne en 1364 la seigneurie de la Queue en Brie et
toutes les terres attenantes, Pontault, Pontillault, Berchères,
Roissy (en partie), Ferrières (en partie), Torcy (en partie),
Noiseau, Amboile, Sucy, Créteil, Valenton, les Bordes, Champigny (en
partie), Bonneuil, Charenton.
Il
semble qu’il y ait eu deux Pierre
Blanchet
dont l’un mort envoyé en ambassade en Angleterre en 1400. L’époux
d’Isabelle
Pelletier lui
n’est pas mort à Londres (+>1381).
Car
si Louis
Blanchet,
fils de Pierre
a dressé en 1394, la liste de ses biens, dans un aveu de
dénombrement (on retrouve l’ensemble de l’héritage paternel)
c’est que son père était mort avant cette date. (Jean Roblin)
Pierre
Blanchet
a 4 enfants Louis,
Hugues
et Regnaude
de sa seconde femme Isabeau
le Pelletier
et Jeanne
mariée à Arnoul
de Marle
de Guillemette
de Vitry,
sa troisième femme.
1367
Une Montmorency
(Soeur de Blanche
de Montmorency
qui détient un fief à Berchères) épouse un chevalier nommé Simon
de la Queue.
Celui-ci plaide au Parlement en 1352, pour la seigneurie de la Queue
en Brie.
Ne
pas confondre avec Simon de la Queue en Yvelines, marié à Perenelle
de Denisy
25/7/1367
Aveu de dénombrement par Nicolas
Leflament
à Pierre
Blanchet
de deux fiefs “assis au terroir de la Queue” en la châtellenie
de Corbeil.
Louis
Blanchet,
fils de Pierre
est un bien curieux personnage.
Louis
Blanchet
ou Loys, ou Lays est
fils de
PIerre
Blanchet,
et d’Isabeau
le Pelletier
Son
père avait épousé en seconde (premières)
noces Jacqueline
la Coque,
veuve d’abord de Nicolas
du Chemin,
puis de Jean
Baillet
(Arch. Nat. X 1A 53, fol. 207 v°)
Son
père se remaria en troisièmes noces à Guillemette
de Vitry.
Il
était frère d’Hugues
Blanchet,
comme lui clerc et secrétaire du roi.
Vers
1367, il épouse Guillemette
Baillet,
fille du second mariage de sa belle-mère.
« Il
commença à servir sous le règne de Charles V, et, depuis lors, le
nombre des lettres de ce prince et de son fils, qu’il a souscrites,
est considérable. Il touchait un traitement fixe de 18 sous parisis
par jour » (Bib. Nat. Titres scellés de Clairambault, vol. 15,
pièce n°91; Pièces originales, vol. 364, dossier 7869, pièce 8,
et Douët d’Arcq, Comptes de l’hôtel des rois de France, p.18
et 19).
En
correspondance avec Charles VI (Douët d’Arcq, op. cit. p.58), il
reçut de ce prince, le 29 mai 1384, un don de 400 francs d’or en
récompense des frais qu’il avait dû faire « en la
darrenière chevauchée que faite avons ou païs de Flandres »
et pour qu’il puisse « estre honnestement en nostre
service » (Bib. Nat. pièces originales, vol.364, dossier 7869,
pièce 20); on voit ce que valait les plaintes de Louis Blanchet, qui
dans un procès dont j’aurais à parler prétendit que ses voyages
lui avaient grandement coûté. Comme son frère, il touchait 100
livres tournois pour sa livrée (Bib. Nat., pièces originales, vol.
364, dossier 7869, pièces 16,19,21).
Les dons du roi
ne lui étaient pas ménagés, et déjà il était premier
secrétaire. Envoyé en 1391 par devers le duc de Bretagne en
compagnie du duc de Berry, il reçut un don royal de 100 francs d’or
(Bib. Nat., Titres scellée de Clairambault, vol.140, pièce 59), ce
qui ne l’empêcha pas plus tard de se plaindre amèrement de
n’avoir rien reçu à cette occasion.
Lorsque Charles
VI, en janvier 1393 (n.st.), alla en pèlerinage au Mont
Saint-Michel, il emmena son premier secrétaire (Froissart, éd.
Kervyn de Lettenhove, t.XV, p.382). La même année, Blanchet était
chargé, avec l’évêque de Langres, Bernard de la Tour d’Auvergne
et Hervé Le Coich, d’une mission auprès du duc de Bretagne
(Chronique du Religieux de Saint-Denis, t.XVIII, p.578). »
Le
8/3/1394 Louis Blanchet dresse un aveu de dénombrement de ses
possessions rendu au comte de Brie.
“Henri, par
la grâce de Dieu, Roy des Francs et d’Angleterre avons fait
extraire des registres de notre Cour du Parlement ce qui s’ensuit...”
“Je, Loys
Blanchet, seigneur de la Queue en Brie et premier secrétaire du roy,
advoue tenir en fief à une seule foy et à un seul hommaige les
choses qui cy-après s’ensuivent:
“les chastels
et chastellenie de la Queue avec toutes les dépendances d’iceulx,
c’est à savoir: la Prévoté d’icelui et certains menus cens
dont partie me appartient en tout et l’autre partie est mitoyenne
entre moy à cause de mes dits chastel et chastellenie et le fief
d’Ambouille, l’autre tierce partie, recens tous iceulx cens en
la ville de la Queue le jour de St Remy sur plusieurs hostises
d’icelui lieu et de la ville de Pontaux et sur plusieurs terrres
et vignes.”
“... et
lesquels cens pouvaient valoir 34 livres par an et, à présent, ne
se reviennent qu’aux sommes ci-après en suivant que les personnes
et pour l es héritages ci-dessous déclarés”
“C’est
à savoir....”
Enumération des
fiefs
“qu’il
advoue tenir en foi et hommaige de mon dit seigneur le duc d’Orliens
(Orléans), comte de Valois et de Beaumont, à cause de ses chastel
et chastellenie de Brie-Comte-Robert.”
Archives
Nationales P. 283
Archives
Départementales 135 F 128
Pontault:
36 maisons et masures (Jehan le Vannier, Robin Langloys, Peronnelle
de Lyons, Ermignon la Marceline, Jehan le Grant, Thibaut le Daunoys,
Mathurin Chaussée, Jolinette la Gibe, Jehan de Lestre, Jehan de
Nanteuil (tenancier du fief de dame Gilles), Thibaut le Saulnier,
Perrin Malin, Jehan Naudin.
« En
juillet 1397, Guillemette Baillet, sa femme, mourut: elle avait fait
son testament en 1396, l’avait confirmé en 1397, et laissa bien
1200 livres de rente (Arch. Nat. XtA 4787, fol.162, r°)
A
l’occasion du règlement de cette succession s’ouvrit une série
de procès entre Louis Blanchet et l’héritière de sa femme,
Jeanne Gentien.
Cette
Jeanne Gencien ou plutôt « la Gencienne » n’est pas,
comme il a été dit, l’épouse d’Arnoul Boucher. Il s’agit en
fait de Jeanne Baillet (fille d’Henri Baillet et de Jeanne des
Essarts) épouse de Jean (Baptiste) Gencien et mère d’Oudart
Gencien. (Journal de Nicolas de Baye p.55 T.I)
Pourquoi
Guillemette
Baillet
désigna-t-elle comme héritière Jeanne
Baillet
(sa tante)? C’est un mystère.
« Mais
avant de présenter le résumé de ces procès, je vais énumérer
rapidement d’autres affaires judiciaires auxquelles le nom de
Blanchet
fut mêlé. C’était un homme évidemment très possessif; ainsi
son père et lui eurent un procès contre le suzerain d’une de
leurs terres, située à Saint-Nicolas- au-Bois (Aisne, arr. de Laon,
canton de la Fere - Arch. Nat. X&A 1469, fol.379 r° et 432 r°);
puis il perdit un appel qu’il avait interjeté dans une affaire
que sa femme et lui avait entamée contre les héritiers de Jean
(?Nicolas) du Chemin,
premier mari de sa belle-mère (Arch. Nat., XtA 1469, fol. 425 r°
et 440). En revanche, il obtint le profit d’un défaut dans un
procès qu’il eut contre un certain Jean
de Gignonville
(Arch. Nat. XtA 1469, fol. 471 v°). En 1392, deux mois avant la
disgrâce de Bureau
de la Rivière,
au mois de mai, le Parlement, dans une affaire entre Bureau
de la Rivière
et Louis
Blanchet,
décida qu’il obtempérerait aux lettres royaux « empetréez
par ledit messire Bureau »
(Arch. Nat. X1A 1476, fol.231 r°).
C’est, je
l’ai dit, lors de l’ouverture de la succession de sa femme, en
1397, que les affaires de Louis
Blanchet
se gâtèrent. Il paraît que, lors de la dernière maladie de sa
femme, il abusa de sa faiblesse, lui fit signer divers papiers, fit
des faux, opéra des ventes et des obligations fictives: «
videlicet magistro Johanni Chanteprime unam falsam obligacionem de
tribus mille scutis auri et magistro Johanni Salaust totidem... »
(Arch. Nat. XtA 53, vol. 200 v°) et il osa se vanter d’opposer à
l’héritière de sa femme de telles difficultés qu’elle ne
toucherait même pas un denier de la succession (Ibid.)
Quelques mois
avant la mort de sa femme, le 22 février 1397 (n. st.), il avait
vendu à Arnoul
Boucher (qui
avait épousé Jeanne
Gencien,
soeur d’Oudart
et fille de Jeanne
Baillet)
une rente annuelle et perpétuelle de 200 livres parisis moyennant un
capital de 3000 francs d’or; seulement, le 19 février précédent,
il avait déjà vendu à Guillaume
Perdrier
100 livres de rente assises sur les mêmes biens. On voit la fraude;
d’où procès, que Louis
Blanchet
perdit naturellement par deux arrêts du 11 avril 1404 (Bibl. Nat.
Pièces originales, vol. 432, dossier 9800, pièces 241 et 243).
On juge quelle
confusion produisit l’affaire de la vente, se greffant sur les faux
commis à propos de la succession de Guillemette
Baillet.
Des tiers intervinrent au procès, notamment Jean
de Voisines, qui
réclamait 1900 écus (Arch. Nat. XtA 4786, fol. 110 v°).
Cela devient
presque inextricable. »
Le
4/6/1397 Il transige avec Hugues
Blanchet
son frère. Louis
cède
à son frère “ une maison avec ses appartements, sise au village
de la Queue, appelée le petit Hôtel de la Queue laquelle maison et
dépendance est, en la plus grande partie, tenue de la demoiselle
Blanche
de Montmorency,
à cause de son fief de Berchères”. (Sa
soeur Marie épouse Simon de la Queue)
« Tout se
complique d’une autre instance, que l’héritière de Guillemette
Baillet,
Jeanne
Gencien,
ne tarde pas à introduire. Cette fois Blanchet
a à défendre contre la reine elle-même. Voici les faits: dans un
pressant besoin d’argent qu’il eut après la mort de sa femme et
probablement pour soutenir le poids des procès que lui attirèrent
ses actes indélicats, Louis
Blanchet enprumta
400 écus à la reine par l’intermédiaire de Jean
Salaut,
secrétaire du roi et de la reine. A l’insu de l’héritière de
sa femme, il donna en gage de cet emprunt divers bijoux provenant de
Guillemette
Baillet,
et ceux-ci furent remis à Hémon
Raguier,
argentier de la reine, qui versa le montant du prêt entre les mains
de Louis
Blanchet.
Cependant, le
temps passait, et la reine, n’entendant pas parler de
remboursement, d’ailleurs n’ayant pas de reconnaissance régulière
entre les mains, fit presser son débiteur. Celui-ci déclara qu’il
ne devait rien à la reine et qu’il était seulement le débiteur
de Salaut
(Salant).
On alla au Parlement. Mais là, Jeanne
Gencien,
intervenant au procès, mit opposition à la vente des bijoux; un
arrêt décida que Louis
Blanchet
devrait rendre les 400 écus empruntés à la reine, et que les
bijoux remis en nantissement seraient déposés au Parlement (Arch.
Nat. XtA 51, fol.110). Un arrêt un peu postérieur établit que
l’exécution se ferait sur la moitié des bijoux (Ibid., fol.161
v°). Du reste, ces 400 écus ne furent jamais payés par
Blanchet;
le roi les lui remit en faveur de son fils, qu’il lui avait fait
l’honneur de tenir sur les fonts.
(Tuetey,
Journal de Nicolas de Baye, t. I, p.5a et 55).
Il avait donc
eu un fils dont on ignore la destinée!
« Mercredi,
xxiiij jour de janvier. Au Conseil.
Au jour d’ui,
ont baillé une cedule maistre N.
de Biencourt, Oudart Gencien
et Loyz
Blanchet
pour estre enregistrée, dont la teneur s’ensuit:
Le samedy, XXe
jour de janvier IIIIe et II, par devant monseigneur maistre Henry
de Marle,
en la présence de François
Chanteprime,
comparurent en la Tournelle maistre Loiz
Blanchet,
d’une part, et maistre Oudart
Gencien,
procureur de Jehanne
la Gencienne,
sa mère, d’autre part, et aussy sire Hemon
Raguier
et maistre Nycole
de Biencourt,
pour tant comme à chacun touche? Et requeroit ledit sire Hemon
que certains joyaux, c’est assavoir une ceincture, un chappeau
d’or et une coiffe, qui avaient esté miz en gage par maistre Jehan
Salant
audit sire Hemon,
pour la somme de cccc escus fussent vendus, et l’argent délivré
à lui pour la Royne, nonobstant l’empeschement miz à ce par les
dessusdiz maistre Oudart
et
Nycholas,
pour certaines causes que ilz allégeaient. Finalement, du
consentement et accort desdictes parties, et sauf le droit de chacune
d’icelles, et sanz prejudice de leur droit, il a esté ordonné
que la somme de cccc escus dessusdicte de pranra sur la part
appartenant audit maistre Loiz
de ce en quoy maistre Jehan
Jouvenel
a esté condempné envers lesdiz maistres Loiz
et la
Gencienne, et
lesdiz joyaux seront miz par devers ledit monseigneur maistre Henry
ou lieu desdiz cccc escus, sans prejudice et sauves les raisons et le
droit d’une chacune desdictes parties.
MARLE,
BLANCHET, BIENCOURT.
Et ceste
presente cedule fu passée, moy present, le devent dit jour, maiz
ceste presente cedule me devoit après estre baillée, laquelle ne
le fut baillée jusques à ce jour present. »
Nicolas
de Baye
En
1403 Loys
Blanchet
fait don
aux
habitants de Pontault de cinq cents arpents de friches pour faire
paître les bestiaux.
Donation
relatée par une pierre murale apposée au pilier méridional de
l’église de la Queue en Brie (relaté par l’abbé Lebeuf-
Histoire du Diocèse de Paris 1735)
« Quand
le Parlement eut examiné de près le procès entamé par l’héritière
de Guillemette
Baillet
contre Louis
Blanchet,
la captation d’héritage, l les ventes et obligations fictives, les
faux même se découvrirent. Aussi le 2 janvier 1406 (n. st.),
trouve-t-on Blanchet
en prison à la conciergerie (Tuetey, op. cit., t.1, p.145). Ses
biens furent mis sous séquestre; une partie en fut confisquée et
donnée par le roi au duc d’Orléans et au marquis du Pont; il fut
élargi le 13 octobre 1406, à condition de ne pas réclamer et de se
taire (Ibid., p.175 et 176); seulement le 13 décembre, il fut décidé
qu’il aurait 100 liv. tournois d’aliments pour sa femme et lui.
Il
s’était donc remarié vers l’année 1400, sa seconde femme
s’appelle Marie de Chanteprime, fille de Guillaume comme le montre
cette hypothèque (Ibid., p.181).
“Hypothèque
de trois livres de rente pour Louis Blanchet, sieur de la Queue en
Brie et Marie Chanteprime, sa femme “
Inventaire
sommaire des Archives départementales antérieures à 1790: Yonne
« Mercredi
xiije jour d’octobre.
Le
clerc maistre J.
du Boiz,
receveur des amandes de Parlement pour le Roy, maistre J.
de Cahours,
procureur en ceste partie de Monseigneur le duc d’Orléans et du
marquiz du Pont, maistre J.
d’Anisy,
procureur de Arnoul
Boucher,
et maistre Girart
d’Asy,
procureur de Jehanne
la Gencienne,
present aussy maistre Oudart
Gencian,
sin filz, conseiller du Roy, ont consenti que maistre Loiz
Blanchet,
prisonnier en la Conciergerie, soit eslargi en estat jusques aux
jours de la prevosté de Paris, prouchain à venir, par ce qu’il a
juré et promiz, jure et promet, en tant que mestier est, qu’il ne
pourchacera ne fera pouchacer par autre devers le Roy ou autrement,
d’avoir lettres qui diminuent l’assignation que a faicte le ROY
auxdiz monseigneur d’Orléans et le marquiz, ne à autres, sans
leur consentement, et s’aucunes lettres obtient sur ce pendent ce
temps, il welt dès maintenant qu’elles soient nulles, presens
Miles
Baillet,
Thomas
Raart,
maistre J.
Hoiguart,
messire Rolant
Belier
et autres. »
« Vendredi
xix jour de novembre.
Ce jour, a esté
faicte eleccion de graphier, et est venu le sort sur moy N.
de Vaye,
indigne.
Mercredi,
premeir jour de decembre.
Aujourd’hui,
maistre Jehan
de Chanteprime,
conseiller du Roy, a cogneu et confessé devant maistre Jehan
Garitel,
commissaire donné avec maistre Pierre
Drouart,
conseiller du Roy, entre maistre Loiz
Blanchet,
secretaire du Roy, d’une part, et Jehanne
la Gencianne,
d’autre part, que la somme de III frans, de qouy avoit esté
parlé, que ledit maistre Loiz
estoit obligiez en la dicte somme de III escus envers ledit
Chanteprime,
ycely maistre Loiz
ne lui doit aucunne chose, ne n’est aucunement obligiez ledit Loiz
envers lui d’ycelle somme dessus dicte. »
Journal
de Nicolas de Baye
« En
attendant, il avait été privé par arrêt de sa charge de notaire,
que le roi donna à Pierre
Marcadé.
Louis
Blanchet
chercha à parer le coup et « fist aucuns contraus de
resignation de secretairie à son neveu et de notairie audit Hugue,
ce que ne povoit, maiz estoit simulée et deceptive... »
(Arch. Nat. XtA 4787, fol.236 r°); mais il échoua. »
En
1408, un arrêt du parlement de Paris met un terme à une procédure
d’héritage dont la seigneurie de la Queue en Brie est l’enjeu.
Les Blanchets
reçoivent le lot par devers l’Hopital et Jeanne
La Gentienne
celui devers le Moustier.
“La tour de
la Queue en Brie partie (partagée) en deux parties: à ce lot
appartiendré la salle d’en bas avec toutes les chambres qui sont
enclanchées (enclavées) en icelles tant dessus comme dessous
jusqu’à la couverture dessus et, au-dessus des échelles toutes le
chambres partant ladite tour qui sont du côté devers le Moustier
de la Queue en Brie avec la tournelle joignant ladite étable...
L’autre lot
qui sera appelé le lot de la partie devers l’Hôpital contiendra
et aura le demeurant de ladite tour haut et bas du côté devers
ledit Hôpital avec les étables et prisons d’en bas de ce côté.
Item que en ladite tour et brayes d’icelle n’aura qu’une entrée
qui sera commune et aura chacune une clé de ladite entrée. Item et
seront tenues ces parties de faire garder ladite tour sûrement à
leurs communs dépens. Item seront communes les échelles de cette
tour et les allées pour aller chacune en sa partie.”
« Il ne
jouit pas longtemps de sa liberté: au commencement de l’année
1409, on le retrouve en prison, et les lettres qui étaient à son
hôtel furent mises sous la garde d’un huissier (Ibid., p.259). Le
9 mars, le Parlement ordonna que trois parts seraient faites de ses
biens: l’une devait servir à son entretien, à celui de sa femme
et de ses enfants; la seconde était destinée au payement de ses
créanciers; enfin ses immeubles devaient être entretenu avec la
troisième (Ibid., p.260).
Il
aurait donc eu plusieurs enfants, on ne sait ce qu’ils sont devenus
car en 1412 Louis (Loys) Blanchet sans enfant lègue à sa soeur
Regnaude une partie de son patrimoine.
« Le 16
septembre 1415, Louis
Blanchet
fut de nouveau élargi jusqu’au lendemain de la Quasimodo de
l’année suivante: il fallait qu’il utilisât sa liberté pour
tâcher de satisfaire Jeanne
Gencien
et le duc de Bar (suzerain de quelques-unes de ses terres), sous
peine d’être remis en prison et de perdre le montant de sa
caution. De plus, il lui était interdit de mettre une opposition
quelconque à l’administration de ses terres, qui étaient entre
les mains du roi (Arch. Nat., XtA 1480, fol. 31 v°).
Il faut croire
qu’il ne put contenter Jeanne
Gencien,
car il fut de nouveau incarcéré à la conciergerie; mais, le 23
aout 1417, il fut encore élargi sur sa requête, et sous les mêmes
conditions qu’il l’avait été le 16 septembre 1415 (Ibid.,
fol.103 v°). Enfin, le 13 mars 1426 (n. st.), il perdit encore un
appel qu’il avait interjeté dans un procès contre Jean,
Robert et Philippe de Vitry (Ibid.,
fol. 343 v°). Tel fut le sort de Louis
Blanchet,
et l’éclat de ses scandales justifie l’attention que l’auteur
du Songe véritable leur accorde. Cette attention même est une
preuve de l’effet considérable que produisit alors cette chute
retentissante. »
Louis
Blanchet
était seigneur de la Queue en Brie (Seine et Oise, arr. de Corbeil,
cant. de Boissy-saint-léger. Bibl. Nat. Pièces originales, vol.
364, dossier 7869, pièce 22), de Romainville, et comme tel il était
le suzerain de Jean
Duchêne,
procureur général au Châtelet, qui possédait une maison en cet
endroit (baron Pichon, Le ménagier de Paris, t.1, p. Ixxxv).
Blanchet
possédait encore Launoy-lez-Bailly (Aisne, arr. de Château-Thierry,
canton de Condé-en-Brie, commune de Marchais), dont dépendait la
terre de Launoy-lez-Jaulgonne (Arch. nat., JJ 145, fol.II v°).
On
a vu plus haut qu’il avait aussi une terre depuis longtemps à
Saint-Nicolas-au-Bois. Il possédait à Paris, près de la rue
Saint-Antoine, deux maisons séparées par la rue de la
Mortellerie.Charles VI l’autorisa à les relier l’une à l’autre
par une galerie :
« de
six pieds hors oeuvre sur dix-sept pieds de haut au dessus du
rez-de-chaussée jusqu’au dessous des poutres qui seront assizes au
travers de ladicte rue, pour aller de l’une partie en l’autre
dudit hostel; » et cela moyennant un cens annuel et perpétuel
de 4 sous parisis payables aux trois termes usités dans la voierie
de Paris (juin
1395. - Bibl. de Rouen, collection Leber, Extraits de la Chambre des
Comptes vol. XII, fol. 36 v°).
Loys
Blanchet
décède après 1445
Regnaude
Blanchet,
fille de Pierre
épouse en 1372 François
de Chanteprime (1330-1418),
seigneur de Fouchères et de Diant (Dyant), du Chesnoy, veuf de
Guillemette
de Vanoise,
receveur général des aides, conseiller et maître des comptes. Il
est le fils d’Adam
de Chanteprime et de Jeanne
de Longuejoue.
Regnaude
Blanchet
hérite d’une partie des biens de son frère Loys
(sans héritier, on ignore le sort de son fils). De ce fait elle
devient dame de la Queue en brie, Pontault et Bonneuil.
On
lui attribue souvent dans les généalogies une kyrielle d’enfants.
Ceux-ci sont en fait issus du premier mariage de François
de Chanteprime
avec Guillemette
de Vanoise.
(Gauchier,
Gilette, Denise, Catherine, Philippes)
La tortueuse succession de Regnaude en est la preuve. Toutefois on
peut lui en affecter deux.
« Louis
Blanchet,
d’une fenêtre de sa maison, montrait à un neveu (donc
le fils de sa soeur)
l’étendue de son domaine. Et, avec une affectueuse complaisance,
il désignait les terres et les lieux qu’il lui voulait donner. Car
Louis,
« vieil et caduc », avait désigné ce parent comme l’un
de ses héritiers.
Le neveu, lui,
écoutait avec une satisfaction évidente, énumérer les biens dont,
un jour prochain, il pourrait jouir en toute propriété. Mais la
jeunesse est impatiente, et le bon oncle ne songeait pas encore à
mourir. Il faudrait peut-être attendre longtemps, longtemps...
Alors
brusquement, le neveu bouscule Louis
Blanchet
qui pirouette par la fenêtre et s’écrase dans le jardin. Par
miracle, le vieillard ne mourut point de sa chute et, aussitôt, la
vérité se fit jour. On arrêta le cruel personnage et il subit le
sort qu’il méritait. Les biens qu’il devait recevoir furent
donnés à la paroisse de Pontault. Cela se passait vers 1412. »
Jean
Roblin d’après un document des archives communales de Pontault
cité par Edouard Lebeau.
Il
pourrait s’agir d’Erart
de Chanteprime (oncle
maternel de Henri
du Vivier,
fils de Jean
du Vivier
et de Catherine
de Chanteprime
(fille de François
de Chanteprime et
de Guillemette
de Vanoise).
Le
second enfant attribuable à Regnaude
est Marguerite
de Chanteprime
(+ 8/4/1417). Elle est dite fille de François
de Chanteprime
et de Reinalde
sa femme, elle est abbesse de Saint Antoine des Champs lez Paris, et
nièce de Jacqueline
de Chanteprime
(fille d’Adam) à laquelle elle succède.
Dans
un cas comme dans l’autre, ils ne furent pas héritiers pour des
raisons évidentes.
Comment
Marguerite
de Chanteprime
qui épouse en 1466 Jean
1er
de Reilhac
et lui apporte en dot les terres de la Queue, Pontault, Bonneuil et
les Bordes hérita-t-elle de ces seigneuries? Les circuits sont
multiples et ne s’excluent pas les uns les autres.
Il
est possible que les biens de Regnaude
soient passés au frère de son époux Jean
II de Chanteprime
(époux de Gilette
de Dormans),
puisque sa fille (autre Marguerite
de Chanteprime),
épouse de Pierre
1er
de Vaudetar,
possède la Queue en Brie en partie, ainsi que son frère Jean
III.
Une
autre origine possible est moins connue. Une partie de la Queue en
Brie et la « maison du Buye » furent confisqués sur
Jeanne
la Gentienne
(épouse d’Arnould
Boucher)
au profit de Pierre
le Verrat
(ou de Verac) époux de Catherine
Alory.
Marguerite
le Verrat
(de Verac) sa fille hérita des biens paternels et les porta à Jean
III de Chanteprime,
son époux. Marguerite
de Chanteprime,
leur fille les porta en dot à Jean
1er
de Reilhac.
On
voit que d’une façon ou d’une autre Marguerite
de Chanteprime
recueille pour partie la seigneurie de la Queue en Brie.
Jean
1er
de Reilhac
est né à Aigueperse dans la Limagne d’Auvergne en 1430. Il est
fils de Guillaume
1er
de Reilhac
(Secrétaire, maître des comptes de Louis de Bourbon, comte de
Montpensier, dauphin d’Auvergne, fils de Jean 1er
duc de Bourbon et de Marie de France, fille du duc de Berry) dont
l’épouse n’est pas connue.
Il
est seigneur de la Queue en Brie, de Créteil (en partie), de
Bonneuil, des Bordes et de Pontault.
Il
est Maître des comptes (10/8/1465), Général des finances de
Languedoïl (1466-1468), Général des Conseillers des rois Charles
VII et Charles VIII, secrétaire intime de Charles VII et ambassadeur
de Louis XI.
En
1476, il est révoqué de ses fonctions pour avoir pactisé avec les
gens du roi d’Angleterre. Il est réhabilité en 1483 grâce à
Anne de Beaujeu.
En
1499, Jean
1er
de Reilhac
et Denis
de Bidant,
les deux seigneurs de la châtellenie de la Queue en Brie rendent
hommage à leur suzerain de Brie-Comte-Robert.
Denis
de Bidant
(+18/6/1506), chevalier et secrétaire du roi (1476), il est receveur
des finances du Languedoc (1476-78), trésorier de France (1483-84),
général des finances de France (1493-96), ambassadeur de France en
Italie. Il est l’époux de Jehanne
Viault.
Il
est l’héritier de Guillaume
Gentian,
seigneur d’Amboile, avocat au Châtelet, fils d’Oudart
Gencien et
de Jeanne
Chasserat.
“Le 1er
décembre 1489, il est parlé au châtelet de Paris de “noble,
homme et sage Me Denis
de Bidant,
conseiller du roy et général de ses finances et de Dlle Jehanne
Viault,
sa femme, ayans pouvoir de prendre et appréhender la succession
universelle de feu noble homme et sage Me Guillaume
Gentian,
seigneur d’Amboile, avocat au châtelet. » B.
n., Clair. 764, p.420
Annuaire-bulletin
de la Société de l’histoire de France - 1935 (132) Société de
l’histoire de France Edité en 1935
Ce
Guillaume
Gentian
est seigneur de l’Hermitage de 1478 à 1480, son successeur sera
Jean
Gencien,
époux de Denise
Defossart.
Il
a un différent avec Jean
1er
de Reilhac
en 1473 à propos de la justice de Sucy.
Denis
de Bidant
achète en 1492 le moulin d’Amboile sur la rive droite du Morbras.
Ses
biens iront à sa mort à Mery
Bureau
(seigneur de la Houssaye en Brie). Son fils Charles
sera
lui seigneur de Petitval à Sucy en Brie.
En
1501, Nicole
du Pré de Saint-Maur
rend hommage à Jean
1er
de Reilhac,
seigneur de la Queue en Brie, pour le fief de Lieusault, mouvant de
cette seigneurie.
Le
fief de Lieusault reste dans cette famille durant 4 générations.
« Nicole
ou Nicolas du Pré,
écuyer, seigneur de Passy, de Bardilly, de Cherelles, de Créteil en
Brie et de Lieusault, second fils de Guillaume,
rendit hommage le 15 février 1501, à Jean
de Reilhac,
seigneur de la Queue en brie, pour le fief de Lieusault, mouvant de
cette seigneurie, comme héritier de Pierre
du Pré,
écuyer, son frère. »
Dictionnaire
de la noblesse, contenant les généalogies….- Page 497 de
Franc̜is
Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Badier - 1776
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